La musique ivoirienne est en deuil. Eba Aka Jérôme, l’auteur de la célèbre chanson ‘’Trahison’’ s’est éteint le jeudi 20 mars 2025 au Centre hospitalier régional (Chr) d’Aboisso, où il avait été admis suite à un malaise. C’est le président du Collectif des artistes unis du Sud-Comoé (Causco) qui a annoncé la triste nouvelle le vendredi 21 mars 2025. Figure emblématique du patrimoine musical ivoirien, Eba Aka Jérôme a marqué les esprits en Afrique de l’ouest.
Originaire de Mouyasoué, un village de la sous-préfecture de Maféré, Eba Aka Jérôme restera à jamais gravé dans les mémoires comme un artiste d’exception. Auteur-compositeur et guitariste virtuose, il a marqué plusieurs générations par son talent et son innovation musicale.
Dès 1966, Eba Aka Jérôme s’impose sur la scène musicale en tant que chef d’orchestre à Bonoua. Il affine ensuite son art en collaborant avec Loukou Jal de Maféré et l’artiste Ndouba Simon, avant de fonder son propre groupe, Arkess Rythmes, à Port-Bouët.
Sa carrière prend un tournant décisif avec la sortie de son premier 45 tours, dont le titre phare ‘’Tu vends cher’’ est chanté en français. Entre 1977 et 1978, il se rend au Ghana pour enregistrer son deuxième album, prélude à son immense succès. En 1978, il conquiert définitivement le public avec l’album ‘’Trahison’’, qui devient un phénomène en Côte d’Ivoire et au-delà. Ce disque, premier 33 tours ivoirien, se hisse au sommet des classements et fait de lui une référence incontournable.

Reconnu pour sa maîtrise exceptionnelle de la guitare, Eba Aka Jérôme impressionne par son jeu précis, sa virtuosité et sa capacité à transmettre des émotions profondes à travers sa musique. Il fait partie des pionniers ayant introduit le chant en français dans la musique ivoirienne, ouvrant ainsi la voie à de nombreux artistes africains.
En 1975, il fonde l’orchestre Sanwi Star, qui animera la scène musicale jusqu’en 1987. Au fil des années, il n’enregistre pas moins de dix-sept albums en 33 tours et douze en 45 tours, consolidant son héritage artistique.
Malgré un retrait progressif de la scène musicale, Eba Aka Jérôme restait une figure respectée et admirée. Il faisait quelques apparitions lors d’événements majeurs, tant pour célébrer que pour honorer la mémoire d’autres artistes disparus.

Le 16 janvier 2016, son immense contribution à la musique ivoirienne est enfin reconnue lorsqu’il est décoré et élevé à l’Ordre du Mérite ivoirien. Cette distinction vient couronner une carrière exceptionnelle et souligner l’influence profonde qu’il a eue sur la musique ivoirienne et africaine.
Avec la disparition d’Eba Aka Jérôme, la Côte d’Ivoire perd l’un de ses plus grands musiciens. Son influence, cependant, perdure à travers les générations qu’il a inspirées et les œuvres qu’il laisse derrière lui. Son empreinte musicale continuera de résonner, perpétuant son génie et son amour pour la musique.
Pr DT