Manouté Séri, promoteur culturel ivoirien, résident à Newcastle en Angleterre, organisateur du célèbre festival ‘’L’Afrique Festival’’ est le détenteur de l’édition 2024 de la Distinction des acteurs culturels de la diaspora (DACID). Il a pour projet de créer un centre dédié à la formation de jeunes talents dans la musique, à Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire. Interview réalisé par téléphone.
. Tyrone, le manager de l’artiste chanteur Molière, vous a représenté à Abidjan, le lundi 3 mars 2025, pour recevoir les prix liés à la Palme d’Or de la deuxième édition de la Distinction des acteurs culturels de la diaspora (DACID) que vous avez remporté à Paris. Quels sont vos sentiments ?
- Je suis honoré et profondément touché par cette distinction qui témoigne de la reconnaissance de mon travail. C’est un sentiment de gratitude qui m’envahit, non seulement pour cette récompense, mais aussi pour l’importance croissante de la culture ivoirienne dans la diaspora. Cette Palme d’Or symbolise l’engagement collectif de ceux qui œuvrent à la valorisation de notre patrimoine culturel à l’échelle mondiale. Je tiens à remercier sincèrement les organisateurs de la DACID ainsi que tous ceux qui participent à cette belle initiative. Sans oublier Mme Konan épouse N’Dri Nboussou Marina, Pdg d’Ivoire Mondial Construction (IMC), pour ce prestigieux prix.
. Qu’allez-vous faire pour la mise en valeur du terrain de 500 m² situé à Yamoussoukro, dans la capitale politique ivoirienne, que vous avez reçu comme récompense ?
- Nous sommes en pleine réflexion sur l’utilisation de ce terrain et envisageons d’y créer un “Africa Center”. Ce centre serait un lieu de transmission de la culture africaine, dédié à la formation des jeunes talents et à la valorisation de notre patrimoine à travers des échanges interculturels. Notre objectif est de faire de cet espace un véritable pôle d’apprentissage et d’innovations culturelles, contribuant à la formation des acteurs culturels tout en favorisant des synergies entre les générations et les cultures.
. Quand allez-vous venir à Abidjan en vue de ce projet de mise en valeur du terrain ?
- Je prévois de me rendre à Abidjan très prochainement. Ce déplacement me permettra de rencontrer les parties prenantes locales et de définir les étapes concrètes pour le lancement de ce projet ambitieux.

. L’une des missions de l’Association des managers, producteurs, promoteurs et concepteurs de la diaspora (AMPP-Diaspora) est de permettre à ses membres de travailler dans le formel et de rompre avec l’informel. Quel bilan pouvez-vous faire de ce concept ?
- C’est une initiative essentielle pour la professionnalisation de notre secteur culturel. Il est primordial que les acteurs de la diaspora disposent de structures légales et solides pour prospérer. L’AMPP-Diaspora joue un rôle clé dans cette transition vers le formel. Toutefois, il est également important que cette démarche bénéficie du soutien constant des autorités publiques et des partenaires privés pour garantir sa pérennité.
. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre fonction de promoteur culturel ?
- Les défis sont nombreux, notamment à la suite de la crise sanitaire liée à la Covid-19, qui a profondément perturbé l’industrie culturelle. Cependant, je reste convaincu que la culture est un vecteur puissant de rassemblement, d’unité et de partage. Malgré ces obstacles, nous devons redoubler d’efforts pour promouvoir la culture africaine et contribuer à une meilleure compréhension de notre continent, de ses valeurs et de sa modernité.
. Quels sont les défis que “Afrique Festival” doit relever ?
- Le principal défi pour “Afrique Festival” reste la capacité à transmettre la richesse et la diversité de la culture africaine aux nouvelles générations et au-delà. Il nous faut continuer à élargir notre public et à proposer des initiatives de formation pour les acteurs culturels afin de garantir la pérennité de cet événement, qui a traversé les années avec succès. Nous préparons activement la célébration de nos 20 ans. Ce festival reste un événement majeur pour le développement de notre identité culturelle et son rayonnement international. Depuis sa création en 2003, “Afrique Festival” s’est imposé comme un événement incontournable des échanges culturels, attirant plus de 2 millions de festivaliers. Ce festival célèbre la fraternité, la diversité et l’ouverture d’esprit en mettant en lumière la richesse de la culture africaine contemporaine.

. Nous apprenons que la musique ivoirienne reste encore fortement communautaire au sein de la diaspora. Que faites-vous pour sortir de cette situation ?
- Il est vrai que la musique ivoirienne reste encore en grande partie confinée à des communautés spécifiques. Cependant, il est essentiel d’élargir son audience au-delà des cercles communautaires. Pour ce faire, il faut ouvrir de nouvelles scènes, comme des salles de concert conventionnelles, qui attirent des publics divers. Cela permettra à nos artistes de se produire devant des publics nouveaux et de participer à des événements de grande envergure, notamment des festivals internationaux et des médias grand public.
. En tant que promoteur culturel, n’envisagez-vous pas organiser un festival à Abidjan ?
- Effectivement, ce projet est à l’étude. Organiser un festival à Abidjan ou dans un autre pays africain serait une excellente opportunité de délocaliser l’événement et de renforcer les liens entre la diaspora et la culture ivoirienne et africaine. Nous réfléchissons sérieusement à cette possibilité afin de consolider notre présence sur le terrain et d’élargir notre impact en Afrique.


Par Éric COSSA