L’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco) a inscrit, le 14 décembre 2021, la rumba congolaise au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une reconnaissance internationale qui fait de ce riche patrimoine culturel de l’Afrique plus qu’une vitre, un trésor.
Votre webzine, www.7culture.ci, qui fait de la promotion de la culture son crédo, ouvre une lucarne tous les lundis, sur cette musique intemporelle qui porte la marque de l’Afrique centrale et au-delà de toute l’Afrique. A travers la rubrique « Sous l’arbre de la Rumba ».
Les pères fondateurs de la rumba avaient fait de cette musique une école de la vie. Elle dénonçait les tares de la société et enseignait les expériences de la vie. L’argentier du roi Charles VII, Jacques Cœur, a dit qu’il n’y a “rien de de nouveau sous le soleil”. Pour tirer profit de cette vie, il faut se servir des expériences des autres comme une boussole afin d’avancer prudemment. La Rumba tire, ainsi, sa renommée et son impact sur les Africains des enseignements qu’elle donne sur la vie.
Malheureusement, aujourd’hui, les chansons à vocation commerciale, marquées par la litanie des noms des bienfaiteurs, qui ont lancé une sorte d’OPA (offre publique d’acquisition) sur la Rumba au cours des deux dernières décennies, ont éloignées la dimension méditative et pédagogique de cette musique. Comme illustration et pour ouvrir cette rubrique, nous avons osés ‘’convoquer’’ le Grand Maître Franco (François Luambo Lua Ndjo Makiadi) sous l’arbre de la rumba à travers de sa chanson ‘’Kinshasa Makambo’’.
Pour la petite histoire, c’est à l’occasion de son retour au Zaïre après un ‘’exil’’ en occident, et à l’occasion d’un spectacle de deux heures trente (2h30 mn) qu’il donne à la télévision nationale, que le Grand Maître interprète pour la première fois ‘’Kinshasa Mboka Ya Makambo’’, qui est une déclaration de fidélité à sa ville. Franco nous parle de la ville de Kinshasa comme une ville infestée de problèmes. Il raconte un pan de sa vie dans cette mégalopole.
Il dit que chacun veut qu’on l’arrête dans une ville infestée de mensonges. On veut qu’il décampe de Kinshasa pour donner raison à ses détracteurs. Franco refuse de fuir et de capituler. Il décide de se battre, d’affronter ses détracteurs qu’il met en garde en spécifiant qu’ils ne savent pas où a été enterré son nombril. Il rappelle qu’il a été emprisonné. Cela devrait suffire au bonheur de ses ennemis.
Il expose la principale calomnie dont il est victime: vente de drogue en Europe. Et s’interroge. Pourquoi m’en voulez-vous ? Qu’ai-je fait ? Il désigne ses détracteurs. Ce sont les personnes avec lesquelles il travaille. Elles veulent sa mort. Il identifie le principal détracteur qui est le tenancier d’un débit de boisson à qui il conseille de se concentrer sur la vente de sa boisson.
Franco fait une mise au point : j’ai grandi devant vous. Mon ventre est devenu gros sous vos yeux. C’est vous qui m’avez fabriqué. Laissez-moi travailler et si j’échoue, que ce soit de mon fait. Il dit à ses mélomanes: « Ne cherchez pas loin. Ce sont des gens qui travaillent dans mon milieu à cause de la médaille que j’ai reçue ».
Il demande aux autorités de donner la médaille à ses ennemis. Les calomnies, les mensonges et le mal proviennent le plus souvent de notre cercle professionnel, amical et familial.
Telle est la quintessence de cette leçon donnée par le grand maître Franco que je vous demande d’écouter ou de réécouter. A lundi prochain !
Une contribution de Jean Claude IMPOUTOU, Juriste.