« Merci mon frère, Vincent Toh Bi Irié, pour cette retranscription fidèle ! En lisant ça, on se rend compte qu’on vient de loin et la route est encore longue inch’allah… Ne critiquons pas la démarche de quelqu’un si nous ne sommes pas dans ses chaussures… Sois abondamment béni ! » C’est par ces mot pleins de sens qu’Alpha a remercié l’ancien préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié qui lui consacre un portrait inédit ses jours-ci sur Facebook. Nous reprenons in extenso la première partie de la présentation que le haut fonctionnaire ivoirien livre sur le chanteur de reggae. Témoignage croustillants !
« Quand il se présente devant l’agent d’immigration à son arrivée à New-York, celui-ci le regarde de haut en bas. Seydou Koné porte un pantalon gris au gros bas (« Patte d’eph ») et une veste jaune et verte, offerte par son ami Pinto, qui lui-même l’avait reçue de son oncle. La veste est trop défraîchie et l’assemblage stylistique douteux du jaune et vert sur du gris font que l’attention de l’agent d’immigration est en éveil sur Seydou Koné. Ce type n’inspire pas confiance. Il a une tronche subversive.
L’agent américain lui pose quelques questions en anglais. Cela n’arrange pas les choses. Seydou Koné parle un anglais à accent brocardé. Ses structures de phrases douteuses accroissent la suspicion. Seydou a pris l’accent libérien qu’il croyait être le top. Pour la première fois, il fait face à l’accent américain réel, pas celui des chansons.
Comme la communication est difficile, on fait appel à un traducteur Italien, qui traduit mal. L’agent pousse un peu plus loin son investigation et se rend compte que Seydou ne dispose que d’un billet aller simple. Non, c’est décidé. Ce gars ne peut pas entrer aux États-Unis. La décision est sans appel: il sera rapatrié.
Seydou Koné est menotté et traîné dans une prison, au centre de rétention de l’aéroport. Un Ghanéen qui arrive en même temps que lui subit le même sort.
Le rêve de Seydou Koné est sur le point de s’arrêter à la porte des États-Unis. Sa vie défile dans sa tête.
La vie de Seydou Koné n’a jamais été facile.
À Dimbokro où il naît, il traîne dans les rues comme tous les bambins de son âge. À 6 ans, il commence l’école coranique. Mais il est en perpétuel conflit avec son « kramotchê » (maître d’école coranique).
Seydou soupçonne le kramotchê de draguer sa grand-mère qui lui fait office de mère. Son complexe d’Œdipe tardif le rend fébrile. Seydou prend très mal la proximité entre le kramotchê et sa mère grand-mère. Il adore trop sa mémé pour qu’un homme, fût-il « kramotchê », s’en approche. En plus, l’homme l’em …de. C’est toujours à lui qu’on pose des questions en classe et c’est toujours lui qui est puni.
N’en pouvant plus de subir cette rivalité frontale, un jour, Seydou, excédé, jette le wâlâga (tableau-ardoise d’école coranique) à la figure du « kramotchê » et s’enfuit. Tous les autres garçons, talibets comme lui, se mettent à sa poursuite dans les rues de Dimbokro. Il sait que s’il est pris, c’en est finit de sa vie. On ne pardonne pas un tel affront à son maître.
Seydou réussit à préserver sa vie en se faufilant dans les dédales de la ville coloniale qu’il connaît par cœur. Il signe ainsi la fin de l’école coranique … pour toujours.
Mais sa grand-mère est clémente et complice avec son garçon qu’elle adore. Elle l’inscrit au CP1. Seydou est son allié. Il est toujours à ses côtés. C’est lui qui l’aide à trier le café, activité par laquelle elle était rémunérée.
Mais elle sait aussi le battre quand il a ses méconduites comme lorsque le petit Seydou est allé voler une boîte de lait chez le Mauritanien du quartier.
Après le tri de café, Seydou est à côté de sa grand-mère quand elle vend les « gnonmis » le soir venu.
Le petit Seydou Koné travaille également pour quelques piécettes d’argent dans les élevages de la zone où il a la sacrée réputation d’être un bon videur d’intestins de poulets.
Seydou n’a jamais connu son père biologique. C’est à l’âge de 9 ans qu’il fait la connaissance de sa mère quand il part vivre à Korhogo. La même année, lui et sa mère quittent Korhogo pour aller vivre à Odienné où il est inscrit au CE1 à l’École 1.
L’époux de sa mère qui l’adopte et qu’il considère comme son père mène plutôt une vie enviable de comptable dans une société de distribution.
Mais quand Seydou commence la classe de CM1, son père a des problèmes dans l’entreprise; il est arrêté et mis en prison.
Comme à cette époque, il n’y a pas de prison à Odienné, il est transféré à la prison de Boundiali. C’est la descente aux enfers.
La famille compte 9 enfants dont 7 pour la seule mère de Seydou. Les enfants sont placés chez des tuteurs. Seydou est livré à lui-même. Il devient turbulent et échoue logiquement au CM2.
Comme la vie devient difficile à Odienné, la mère décide de délocaliser leur vie sociale à Boundiali. Ainsi, il est plus facile d’aller rendre visite à son époux en prison et lui apporter à manger.
Seydou est inscrit au CM2 à Boundiali. Les jours où il n’a pas classe, il aide sa maman couturière à coudre. Couturière, c’est une façon courtoise de parler. Elle raccommode les habits et coud de petits vêtements simples avec la légère machine Singer et sa manivelle.
Il accompagne sa mère chaque fois qu’elle va rendre visite à son père en prison. Il est traumatisé par l’odeur pestilentielle des lieux.
Son père restera en prison 3 ans. En raison de sa bonne conduite en prison, il bénéficie tous les jours d’heures hors de la prison, pour des travaux d’intérêt général à la Sous-Préfecture de Boundiali.
À Boundiali, le petit Seydou vit chez son ami Yacouba Solaman, fils de « Papa Bakoye ». En 1965, il obtient le CEPE et l’entrée en 6ème. Il est orienté au CEG d’Odienné. Il a monté la pente. Il a appris à accepter l’emprisonnement de son père. Il vit avec cette réalité et ses conséquences.
Seydou revient à Odienné chez son tuteur. Il commence une vie de collégien : dragues, booms (soirées dansantes de l’époque). En 6ème en ces temps-là, on est déjà assez vieux pour s’acoquiner avec les filles. D’ailleurs, le voisin de classe de Seydou en 6ème, du nom de Wo Wéagbeu Anatole, venu de Danané, était marié avec 2 enfants. Un élève de 6ème !!!!
A ses premières heures de collège, Seydou se découvre un penchant pour la musique.
Dans les années 60, il y a plusieurs groupes musicaux de renom dans le monde et en Afrique. C’est la période des « disques », 33 et 45 tours, avec les gramophones et autres tourne-disques. Le frère de Seydou, Blacky, est un mélomane averti. Il possède une centaine de disques d’artistes américains et africains.
Il écoute les vétérans des premières de l’indépendance : Amédée Pierre, Anoma Brou Félix, Aspro Bernard, les Sœurs Comoé, la musique nigériane et la musique congolaise.
Il est tellement absorbé par la musique qu’il échoue et reprend la classe de 6ème. Avec l’aide de son professeur Boa Sondé Marcel, il se relance et obtient quelques années plus tard le BEPC.
Entre-temps, son père est libéré de prison et a trouvé du travail à la Sous-Préfecture de Boundiali, où il faisait les corvées en tant que prisonnier. La vie familiale se réorganise et le moral revient.
En 1968, avec son ami Cool B. Price, Seydou Koné crée le groupe « Atomic Vibration ». Seydou a besoin d’un nom d’artiste. Il ne va pas chercher loin. Il s’appellera Elvis, comme Elvis Presley, la star mondiale de l’époque.
Quelques années plus tard, comme tout le monde a un nom d’artiste local qui sonne bien, Seydou décide de prendre un nom à lui, original et qui l’identifie. Il compose son nom. Il prend Alpha (de la Bible, « Je suis l’Alpha et l’Oméga »). Lui est l’Alpha, le début et le premier de sa propre vie et de sa destinée. Mais un seul nom ne suffit pas. Il ajoute « Blondy », qui est en fait une injure que lui faisait sa mère quand il faisait une de ses nombreuses gaffes. Elle veut l’insulter “bandit”, mais comme elle parle mal français, sa façon de prononcer “bandit” sonne “blondy”. Ses amis se moquent de lui et le taquinent avec l’injure de sa maman, en l’appelant “Blondy”. Donc quand il compose son nom, il choisit Alpha et y adjoint “Blondy’’.
Seydou Koné devient Alpha Blondy…pour toujours…
Il s’intéresse également à la petite politique de l’époque. En 1971, Dongo Basile et Éhui Bernard arrivent à Odienné pour procéder aux élections du Président du MEECI (Mouvement des Élèves et Étudiants de Côte d’Ivoire), la branche jeunesse du Parti Politique PDCI, dont Houphouët-Boigny est le Président. Seydou se porte candidat et remporte les élections, haut la main.
Quand il obtient le BEPC en 1971, Seydou est orienté à l’École Normale de Korhogo. Loin du contrôle des parents, il s’investit à fond dans la musique et répète régulièrement avec son ami Coul B. Price. À l’internat, il saute la clôture très souvent et part en boîte de nuit avec ses amis musiciens. Il se sentait bien en boîte,
Dans ses sorties nocturnes et ses balades, il fait la connaissance de Fanta Diallo au Couvent St Elisabeth. Elle deviendra plus tard sa fiancée (“Sweet Fanta Diallo”).
Les sorties nocturnes, l’indiscipline, les insuffisances de résultat scolaire, les fugues causées par ce nouvel amour qui ravage son cœur mènent Alpha là où elles devaient le mener : il est exclu de l’école dès la Seconde à Korhogo.
Il retourne en famille à Boundiali. De là, il décide d’aller au Libéria. Il veut apprendre l’anglais pour être interprète mais également … pour chanter en anglais comme toutes les grandes stars de l’époque.
Sa mère, compréhensive, lui donne toute sa petite économie qu’elle a faite ces dernières années avec son petit commerce : 25.000 francs CFA.
En 1972, Alpha prend son baluchon et part pour un long périple.
Il part de Boundiali. Direction : Toulepleu, à la frontière avec le Libéria.
Il fait toutes les combinaisons. Il emprunte d’abord les « badjans », véhicules de transport en commun obligés de l’époque. Puis il fait de l’auto-stop. Sur certains tronçons, il monte à vélo et à moto avec les paysans et les voyageurs qui sont sur son itinéraire. Alpha se souvient même s’être perché sur un Caterpillar sur une route en construction pour se faire déposer dans la ville suivante.
De ville en ville, il négocie des transports divers et il arrive enfin à Monrovia.
Il prend des cours d’anglais et donne des cours de français à domicile pour financer ses études. Alpha Blondy n’a pas l’opportunité de monter un groupe musical ni de prester sur les scènes à Monrovia. Mais il écrit beaucoup de morceaux, dont ‘’Come Back Jesus’’.
En 1973, après 13 mois au Libéria, Alpha retourne en Côte d’Ivoire. Il part pour Abidjan chez son oncle gendarme au Camp Agban, à Adjamé. Puis il déménage au quartier Ébrié, avant de s’installer au quartier Fraternité.
Il frappe à de nombreuses portes pour un emploi, sans succès. Pour vivre, il conçoit et vend des tableaux à Adjamé.
Pendant deux ans, il reste oisif. Entre-temps, Fanta Diallo, qui a fini ses études, est allée vivre aux États-Unis. Elle écrit au père d’Alpha et essaie de le convaincre que l’avenir de son fiancé est là-bas aux États-Unis où il y a des opportunités. Le père d’Alpha se laisse attendrir par ce plaidoyer. Il réunit la somme, paie un billet d’avion (aller simple) pour les États-Unis pour son fils.
En 1975, Seydou arrive aux États-Unis, dans sa veste jaune et verte. Il est arrêté et incarcéré. Un codétenu Sénégalais, qui possède des pièces de dollars, l’aide à entrer en contact téléphonique avec l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Washington.
On ne sait, par quelle magie, le coup de fil tombe sur une Américaine de Peace Corps, qui avait déjà fait des missions en Afrique. Elle s’appelle Maguy. Elle est sensible à la situation qui est expliquée et elle intervient.
Le lendemain de sa détention, Alpha passe devant le juge américain, qui, au vu de tous ses papiers d’inscription dans une école supérieure américaine, décide de le libérer sous caution de 1.000 dollars à payer immédiatement. Un fax est envoyé au Ministère des Affaires Étrangères en Côte d’Ivoire. Une bonne volonté le réceptionne et rentre en contact avec le père de Seydou, devenu agent de Sous-Préfecture à Boundiali.
Le père attristé et sans moyens remue ciel et terre et réussit à réunir l’équivalent de 1.000 dollars qu’il envoie aux États-Unis. Maguy se porte garant et le juge ordonne la libération d’Alpha. Maguy va le chercher et l’amène chez elle dans le quartier New-Yorkais de Greenwich Village. Elle habite au 16ème étage. Seydou, lui, s’inscrit au Geneva School of Business, sur Broadway.
Il commence ses cours. Il est appliqué et studieux.
Il veut faire un PHD en anglais et enseigner à l’Université. Maguy est encore présente, qui le fait accéder à un autre établissement.
À partir de la fin 1977, Alpha décide plus sérieusement de faire de la musique pendant qu’il poursuit ses études. Il tombe amoureux d’une Jamaïcaine qui l’encourage dans ses efforts de création artistique. Elle le fait entrer dans les cercles jamaïcains de New-York. Un jour, elle l’envoie voir un concert à Central Park. L’artiste qui joue s’appelle Burning Spears. Alpha est bouleversé, électrisé par ce son. Il ne manque plus de concerts Reggae dans les places publiques et boîtes de nuit.
Dans une boîte de nuit, Alpha fait la connaissance de Clive, (le producteur de Gregory Isaacs) qui lui remet sa carte de visite. Clive le connecte avec un groupe dominicain qui l’accompagne dans ses créations.
Avec eux, il fait ‘’Bori Samory’’, puis ‘’Apartheid Is Nazism’’.
Le désormais Alpha Blondy chante en anglais. Clive lui suggère de faire plus original et de diversifier ses chansons en chantant aussi en langues africaines. Ce qu’il fait.
Avec l’orchestre dominicain, il enregistre 8 titres. Mais l’album ne sort pas.
Alpha Blondy continue ses études. Il obtient un Certificate Under College. Il fait des cours de préparation à Columbia University. Il a trouvé un travail de coursier qui lui permet de vivre et couvrir ses besoins, mais ce n’est pas assez pour lui payer les études qu’il entend compléter. Il fait appel à l’ambassade, sans succès. Sans moyens, Alpha arrête les études, mais poursuit son boulot de coursier. Il fait aussi de petits boulots de débrouillardise à l’Ambassade de Côte d’Ivoire. Il aide des gens à remplir les formulaires de visa.
Après 4 ans aux États-Unis, Alpha décide de rentrer en Côte d’Ivoire. Mais il n’a pas les moyens de se prendre un billet retour. Et puis, survient un événement anodin à New-York mais qui le marque à vie.
Un jour, Alpha participe à une fête chez son amie Carole où ils reçoivent des amis. Le lendemain matin, on sonne à la porte, une voix prétend avoir participé à la fête de la veille et oublié des affaires personnelles dans la maison. Carole ouvre la maison. Un couple les tient en joue avec des revolvers. C’est un braquage. Il les dépouille de tout objet de valeur.
C’est la première fois qu’Alpha voit le canon d’une arme pointé sur lui. Il est pétrifié. Les jours qui suivent, il fait une dépression, la première de sa vie. Ce braquage et cette dépression précipitent son désir de rentrer au pays.
Il se tourne vers l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Washington pour prendre en charge le billet retour.
On le lui refuse, sous prétexte qu’il ne serait pas ivoirien. Il passe des semaines à faire le pied de grue devant l’ambassade. Las d’attendre, Alpha pique encore une crise devant l’ambassade, il ameute tout le monde. Les autorités sécuritaires américaines sont alertées. L’ambassade se résout à prendre le billet enfin.
Un rapport corsé l’a déjà devancé chez les policiers de l’aéroport d’Abidjan en Côte d’Ivoire.
En fin 1979, Alpha Blondy atterrit à Abidjan. Il est arrêté à l’aéroport et interrogé. Il a des réponses arrogantes et effrontées. Il est mis au violon pendant 14 jours à la Sûreté.
Le 15ème jour, les policiers sont convaincus qu’il est fou. Ils l’embarquent dans un fourgon et l’envoient à l’Hôpital Psychiatrique de Bingerville, « Voici votre fou ! Prenez-le ».
Le médecin qui l’accueille est français. Il l’examine et le garde.
Dès que les policiers partent, il le libère le même jour. Alpha prend un gbaka et retourne chez lui à Adjamé.
Commencent alors la débrouille, les petits concerts, les avant-premières. Ça fait plus de 20 ans qu’Alpha a une vie de galère. Mais il est convaincu qu’il a un avenir dans la musique. Il accepte les petits cachets de 30.000 frs CFA.
Alpha vit à Adjamé, dans le même quartier qu’un certain Roger Fulgence Kassi, le plus grand animateur télé de la Côte d’Ivoire à cette époque. Un peu plus loin dans le quartier, vit un autre grand nom de l’audiovisuel, Djira Youssouf, à la RTI.
Alpha a sous ses yeux une partie de la réponse au déblocage de sa carrière musicale.
En 1981, Roger Fulgence Kassi lui offre sa première chance à l’émission culte « Première Chance ». Alpha fait un carton. Il emballe les téléspectateurs.
Alpha est sous la pression de la vie. Il pique souvent des crises et fréquente des amis qui l’enfoncent dans la drogue. Roger Fulgence Kassi vit dans une deux-pièces. Il invite Alpha à emménager chez lui pour l’éloigner des mauvaises fréquentations. Il l’isole loin des regards chaque fois qu’Alpha pète les plombs et le protège.
En 1982, Alpha Blondy met sur le marché son premier titre ‘’Opération Coup de Poing’’. Le succès est fulgurant. Les années d’après, il enchaîne avec d’autres titres. Il devient une star mondiale, qui joue désormais sur tous les continents. Il est en constante sollicitation depuis 40 ans aujourd’hui. Son nom se classe à côté des plus grands chanteurs au monde. Et pourtant, le chemin a été si tonitruant.
Jeune, Alpha Blondy te dit: ‘’Ne baisse pas les bras, bats-toi, accroche-toi à tes rêves jusqu’à ton dernier souffle’’.””
(L’HISTOIRE COMPLÈTE D’ALPHA BLONDY DANS QUELQUES HEURES)
Par Vincent Toh Bi Irié