Ah, Tshala Muana ! On l’appelait la Reine de Mutwashi, la chanteuse aux reins de roseau! Elle a été l’une des meilleures ambassadrices de la musique congolaise hors de ses frontières zaïroises (RDC aujourd’hui) et congolaises (République du Congo) dans les années 1980. C’est cette grande impératrice de la musique africaine que la grande faucheuse vient d’arracher à l’affection de ses nombreux fans.
En effet, depuis les premières heures de ce 10 décembre, la presse congolaise a annoncé le décès de Tshala Muana. « J’ai la douleur immense de vous annoncer la disparition de ma sœur, ma star Tshala Muana ce matin à Kinshasa ! Le Congo et l’espace Kasaï ont perdu leur reine ! Que Dieu accueille son âme », a annoncé Jean Marie Kasamba, président de l’Union Nationale de la Presse Congolaise (UNPC, direction provinciale de Kinshasa). Les réseaux sociaux s’emparent de la triste nouvelle. Sur Facebook notamment, une publication du compagnon de la chanteuse est largement reprise. «Aux petites heures de ce matin. Le bon Dieu a pris la décision de reprendre la Mamu nationale Tshala Muana. Que le bon Dieu soit glorifié pour tous les bons moments qu’elle nous aura fait passer sur cette terre. Adieu Mamu de moi », a écrit sur sa page Facebook Claude Mashala.
Née un certain 13 mai 1958, à Lubumbashi dans la province du Haut-Katanga, Tshala Muana a débuté sa carrière très jeune, en collaborant avec les grands noms de la musique congolaise tels que Souzy Kaseya, Mpongo Love, Bibi Dens et autres. Au moment de sa splendeur, la chanteuse s’était installée en Côte d’Ivoire. Elle était à tous les grands galas du président Houphouët-Boigny quand il recevait ses hôtes au cours des grands et nombreux sommets que Yamoussoukro, la capitale ivoirienne, accueillait. Abidjan était devenue la base de Tshala Muana et elle régnait en reine sur l’Afrique de l’ouest. On lui aurait même prêté une idylle avec François Lougah, l’une grande voix de la musique ivoirienne de l’époque. « J’ai connu la chance à Abidjan. Je ne suis pas la seule d’ailleurs. Beaucoup d’artistes congolais ont connu du succès grâce à la Côte d’Ivoire. Il y a eu aussi l’épisode François Lougah m’a dédié un morceau. Et cela m’a fait du bien. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de polémiques autour de cette histoire de François Lougah. Mais moi, cela m’a servi. Malheureusement, vers la fin, les choses ont commencé à mal tourner », a rapporté abidjan.net en reprenant une interview de Fraternité Matin du 27 janvier 2009.
« A cette époque, Ram Ouédraogo était mon manager. Tout s’est mélangé avec lui. Sinon, François Lougah était pour moi, un grand frère. C’était l’un des artistes les plus en vogue à cette époque-là. Tout comme Ernesto Djédjé, Jimmy Hyacinthe. Je venais à peine de commencer, et j’ai été soutenue par ces gens-là. Je ne peux donc en vouloir ni à François Lougah, ni à nos fans », a poursuivi le site ivoirien.
Effectivement, la collaboration entre Tshla Muana et Ram Ouédraogo a donné le tube ‘’Vive la révolution’’. Chantée pendant la révolution burkinabè en mooré, la langue plus parlé du pays des hommes intègres, la chanson était devenue très populaire.
Souffrant depuis quelque temps, Tshala Muana avait recouvré sa santé après son hospitalisation au Centre Médical de Kinshasa (CMK), et elle avait promis un nouvel album aux mélomanes.
Dans les années 1990, Tshala Muana est retourné vivre au Congo après la France. Sur le plan politique, Tshala Muana était proche du régime de l’ancien président de la République Démocratique du Congo, Laurent Désiré Kabila. Elle le sera aussi avec le fils et successeur de ce dernier, Joseph Kabila qui l’avait même nommée députée. Mais avec le régime d’Étienne Tshisekedi, les choses vont changer. La sexagénaire était même au centre d’une polémique après la publication de sa chanson ‘’Ingratitude’’, un titre sur la politique de la RDC.
Dès l’annonce du décès d’Élisabeth Tshala Muana Muidikayi à 64 ans, les réactions n’ont pas tardé. Des politiques aux vedettes de la chanson et des médias en passant le public, chacun a eu un mot gentil à l’égard de la chanteuse aux reins de roseau.
Merci Tshala Muana !
Par Omar AK