Le Mali est au début de son indépendance à la française. Mais un groupe d’intellectuels propose un autre courant. Ils militent plutôt pour un modèle socialiste en combattant la tendance démocratique. Naît alors une sorte de ‘’révolution socialiste’’ pour convaincre les populations d’opter pour le socialisme en refusant l’économie de marché. C’est l’idée générale du film ‘’Twist à Bamako’’ du réalisateur français Robert Guédiguian. Il mène un récit poignant entre un amour interdit et les premiers pas de l’indépendance du Mali.
Disponible depuis le 1er juillet dans la chaîne des cinémas Majestic, le long métrage a été projeté en grande première à l’Institut français de Côte d’Ivoire au Plateau le mercredi 29 juin dernier. Le drame historique de Robert Guédiguian a été bien accueilli par les cinéphiles d’autant qu’il rafraîchi la mémoire de bon nombre d’Africains sur l’atmosphère qui a régné au moment des indépendances. Pour convaincre les populations d’accepter leur révolution, les socialistes font le tour du pays. C’est après un séjour dans l’une de ces bourgades qu’un de leurs émissaires (Samba) repart sans le savoir avec une passagère clandestine (Lara) qui s’est cachée dans la boîte de sa camionnette. Mariée de force au petit-fils du chef de son village, Lara décide d’aller tenter sa chance dans la capitale. Entre les deux, ce sera le coup de foudre. Un amour empreint d’idéalisme, dans un contexte où la jeunesse de Bamako est en ébullition et célèbre chaque soir dans des clubs où résonnent des tubes européens ou américains. Ce qui déplait énormément à leurs aînés qui sont plutôt conservateurs.


L’histoire du film est partie de l’exposition des photographies de Malick Sidibé (Mali Twist) à la fondation Cartier, à l’automne 2017 que le réalisateur est allé voir. « Cette histoire de jeunes gens idéalistes qui veulent créer un Etat socialiste après l’indépendance tout en dansant le twist et le rock’n’roll, ressemble à ma propre histoire. Si Bamako ou Marseille en modifie la forme, le fond est strictement identique. On s’est mis à travailler avec Gilles Taurand. En quelques semaines on avait des tonnes de documentation, rencontré des spécialistes de la période. On s’est inspiré de deux jeunes gens qui dansent sur l’une des photos les plus connues de Sidibé, lui en costume blanc et elle, pieds nus avec sa petite robe. On a imaginé qu’ils étaient très amoureux (en réalité ils étaient frère et sœur) que le garçon, dans la journée, une fois enlevé son costard blanc, mettait son treillis et allait dans les villages au fond du Mali pour convaincre les paysans d’accompagner la construction du socialisme et que la fille avait été mariée de force dans l’un de ces villages. Nous voulions raconter une belle et tragique histoire d’amour pour incarner ce que j’appelle ce « moment communiste », de construction, de fête révolutionnaire où les possibles se heurtent à la contre révolution mais aussi à la tradition et aux coutumes ancestrales », raconte Robert Guédiguian, dans le dossier de presse du film. Les images sont nettes et les décors parfaits. Un vrai travail de professionnel incarné par de jeunes acteurs tout aussi talentueux.


Synopis
1962. Le Mali goûte son indépendance fraîchement acquise et la jeunesse de Bamako danse des nuits entières sur le twist venu de France et d’Amérique. Samba, le fils d’un riche commerçant, vit corps et âme l’idéal révolutionnaire : il parcourt le pays pour expliquer aux paysans les vertus du socialisme. C’est là, en pays bambara, que surgit Lara, une jeune fille mariée de force, dont la beauté et la détermination bouleversent Samba. Samba et Lara savent leur amour menacé. Mais ils espèrent que, pour eux comme pour le Mali, le ciel s’éclaircira…
Par Omar AK