Ce vendredi 25 mars, le 6e album personnel de Soum Bill est disponible dans les bacs à CD et sur toutes les plateformes de téléchargement légal sous licence Universal Music Africa. L’opus, riche de 17 titres, s’intitule ‘’Impérial’’. « Impérial, parce que pour moi, chaque être humain est un empire par sa résilience, ses émotions, ses expériences… A force de traverser les épreuves, on transcende et quand on transcende, on atteint une dimension royale », a expliqué le chanteur au cours d’une conférence de presse digitale qu’il a donnée via Facebook le 24 mars dernier.
Cette manière de faire de l’ex-Salopard rejoint la nouvelle direction qu’il veut donner à sa carrière. Sans radicalement changer son style, il a quand même fait entrer dans son univers de nouvelles têtes ou du moins de nouvelles intelligences ou tout court de nouveaux talents. « J’ai voulu changer la donne en travaillant avec une jeune génération cette fois-ci. Ce sont des jeunes qui ont aussi leurs moments, leurs épreuves, leurs royautés. J’ai souhaité qu’ils me ramènent tout ce qu’ils avaient comme énergie », justifie celui qu’on surnomme aussi Billy le Kid. « On espère avoir créé quelque chose qui a de la dimension », ajoute-t-il.
‘’Impérial’’ est un album ‘’très urbain’’. Soum Bill a bossé dessus avec des jeunes arrangeurs comme Momo Wang, JC Beat (qui a été son guitariste pendant trois ans) et Cédric Cannavaro. « Ils m’ont proposé leurs compositions et moi, je suis entré dans leurs univers pour créer ce cocktail musical inattendu. Cela donne une coloration assez urbaine de l’album », soutient l’auteur de l’album ‘’Zambakro’’ qui a lancé sa carrière solo en 2000. Mais dans l’album, il y a quand même la touche d’un vieux de la vieille : Babylax Lee. « Il était là au départ et il est encore là. Il a fait l’intro et le dernier titre de l’album », indique Soum Bill.
La nouvelle galette sonore de l’une des meilleures voix de Côte d’Ivoire, comprend quatre featurings. A sa présentation en ligne, l’artiste s’est dit ‘’touché par le professionnalisme d’un certain nombre d’artistes’’ avec lesquels il a collaboré. Dans ‘’Impérial’’, il y a DDB ‘’que j’apprécie beaucoup’’ sur le titre ‘’On dead ça’’, The Juice sur ‘’Bella’’, Zeh Bailly sur ‘’Didjigbala’’ (une chanson en hommage avec Jaguen Abouet, son manager qu’il vient de perdre) et Noldy sur ‘’On est paré’’. «Il y a eu une belle interaction entre nous. J’ai voulu moi aussi comprendre leurs univers. Et je me suis nourri de ces jeunes-là », concède Soum Bill.
Comme à son habitude, les messages véhiculés dans le nouveau disque, sont dits majoritairement en français et en dioula. Ils évoquent l’amour, la condition de vie précaire des artistes, la société… Mais, l’artiste, engagé depuis son entré dans la musique, n’a pas manqué de décocher quelques flèches contre les gouvernants. Et c’est dans ‘’Mandjare’’, un des titres les plus aboutis de l’album qu’il dénonce des choses graves. « Ça parle du ‘’mangement’’ (gabegie) général incontrôlé autour de nous », indexe Billy. Il est aussi virulent dans la chanson ‘’Changer le monde’’ où il dévoile sa colère contre «les crimes rituelles qui m’ont marqué. Il y aussi tout ce qui se passe au Burida où on se fait la guerre inutilement. On a plus d’argent aujourd’hui malheureusement, les artistes continuent de toucher le fond ». Dans ‘’On dead ça’’ avec DDB, il y a une belle alchimie entre rap et zouglou. La chanson ‘’Zouglou.30’’ ramène l’auditeur aux sources, aux fondamentaux du zouglou. « C’est un hommage que je rends aux faiseurs de zouglou », dit l’artiste.

Après plus 30 ans de pratique musicale, Soum Bill n’est-il pas lassé ? « Je donnerai toujours de la voix. La musique reste au centre de mes activités même si avec mon label, on essaiera de développer d’autres projets », projette-t-il. Avant de répondre à la préoccupation d’un internaute sur le futur du zouglou : « C’est de créer des initiatives qui permettront aux artistes de vivre de leur art, de vivre de façon décente ».
Pour commencer sa conférence de presse digitale via Facebook, Soum Bill a rendu hommage à Jean Roger Adom décédé, il y a quelques jours. D’entrée comme à la conclusion de cet exercice nouveau, l’auteur de ‘’Sèguè’’ a été reconnaissant à ses fans. « Voilà 30 ans que je vous fatigue les oreilles. Et ça a toujours été un plaisir de vous retrouver, d’échanger avec vous. Merci de m’avoir soutenu. Vous êtes ma source d’inspiration, vous êtes ce pour quoi on se bat », a reconnu le chanteur.
Soum Bill, c’est Mamadou Ben Soumahoro. Depuis les années 1990, il a commencé à taper dans les percussions avec ses camarades dans les groupes comme Mini choc, Les Garagistes puis Les Salopards. C’est avec les salauds à part entière de l’art que Soum Bill s’est révélé avec sa belle voix aux côtés de Bloco. Le groupe a publié trois albums avant la dislocation. Après la fin de la belle aventure, Soum Bill entame une carrière solo avec l’album ‘’Zambakro’’. Puis viendront ‘’Terre des hommes’’ qui l’a imposé définitivement dans le cœur des mélomanes, ‘’Que la lumière soit!’’, ‘’Escale’’ et ‘’Zougloumanity’’.

Et depuis ce 25 mars, ‘’Impérial’’ a est venu occuper la 6e case de la carrière de Soum Bill. C’est un délice sonore que Soum Bill a peaufiné pendant trois ans en studio. Le résultat est impeccable et même impérial comme son nom l’indique. La nouvelle œuvre est le premier produit de l’ancien salaud de l’art depuis qu’il a signé avec Universal Music Africa. Juste après le tapage médiatique, la sortie de l’opus sera soutenue par deux concerts live. D’abord le 24 juin au palais des congrès du Sofitel Abidjan Hôtel et enfin le 2 juillet au palais de la culture d’Abidjan-Treichville.
Par Omar AK