Le football est magique. Voir des journalistes sénégalais prier ou crier à tue-tête, chanter et danser, les plus émotifs, dans les pommes ou couler des larmes… Le Sénégal attendait ce moment depuis son indépendance, depuis son affiliation à la Confédération Africaine de Football. Il est arrivé à Yaoundé, au Cameroun, terre-symbole de foot, en finale de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), devant l’équipe la plus titrée d’Afrique, l’Egypte. De quoi danser le M’balax toute la nuit, à Dakar et dans les rues de Yaoundé…
Aliou Cissé, l’entraîneur du Sénégal est un ancien international du Sénégal. Il a échoué, en tant que capitaine de l’équipe, en finale de la CAN 2002 à Bamako au Mali. Devant le Cameroun. Aux tirs au but. Il avait raté son tir, pendant l’épreuve fatidique. Aliou Cissé n’a donc pas gagné la coupe d’Afrique en tant que joueur. Mais, il a choisi de se mettre à la disposition de son pays, de l’équipe nationale. Depuis sept (7) ans, il coiffe l’encadrement technique des Lions. Il est l’homme le plus critiqué par la presse sénégalaise. Mais, il n’a jamais rompu. « Il faut écouter les critiques et en tirer le meilleur», répond-il toujours.
Avec Aliou Cissé, le Sénégal a connu des performances remarquables. Un quart de finale de coupe d’Afrique (2017), une phase finale de coupe du monde (2018), une finale de la CAN (2018). L’équipe progressait mais les résultats ne suivaient pas. Et la presse, impatiente, n’arrêtait pas de réclamer sa tête. Et lui continuait d’y croire. « Ceux qui me connaissent, savent que je suis têtu », dit-il. Son entêtement a payé. Ses détracteurs d’hier, chantent, dansent aujourd’hui. « On l’a fait», disent les uns. « Nous aussi, nous avons une étoile sur notre maillot », clament les autres.

Le technicien sénégalais lui-même a du mal à réaliser. En conférence de presse, après le match, il n’avait que des mots de remerciement à la bouche: « Je suis champion d’Afrique ! Ce fut long. Ce fut difficile. Par moments compliqués mais nous n’avons jamais abandonné. Je dédie cette victoire au peuple sénégalais. Depuis des années, nous courons après cette coupe. Aujourd’hui, nous allons mettre une étoile sur notre maillot. Je voudrais féliciter mon staff. Pendant près de sept ans, nous avons travaillé. Bravo les gars !»
Une conférence qui n’est pas allée au bout. Sadio Mané et ses coéquipiers sont venus rejoindre leur coach, l’asperger d’eau et finir par interrompre l’exercice avec les journalistes. Cette fois, personne ne s’est plaint. C’est jour de fête, jour d’émotion, jour de tous les excès contrôlés.

Sur le terrain, la victoire a mis longtemps à se dessiner. Le Sénégal a l’occasion d’ouvrir la marque dès la 8e minute de jeu sur penalty. Il est complexé par la Montagne égyptienne dans les buts des Pharaons. Le Sénégal déroule, collectivement, touche beaucoup de ballons, utilise toute la largeur du terrain, essaie de donner du rythme au jeu, mais les actions manquent de mordant. L’Egypte comme à son habitude, joue bloc-bas, procède par contres rapides en possession du ballon, en cherchant le côté de Mohamed Salah. Mais remarquable défense d’Abdou Diallo et de Salifou Ciss qui font très souvent, une prise à deux sur le capitaine des Pharaons. Mais il demeure redoutable et joue dans les petits espaces avec des dribbles courts et une protection de balle remarquable. Il secoue la défense des Lions et donne des frayeurs aux nombreux supporters du Sénégal dans les tribunes.
La seconde partie est identique à la première. Chaque équipe a son temps fort. Et passe chaque fois, près du but. Le but du chaos. Le Sénégal a les reins mais pas la lucidité dans la surface de réparation. Ou le gardien égyptien, Mohamed Abou Gabal Ali est du genre à intimider les attaquants. Il est présent sur les balles chaudes des Lions. Édouard Mendy n’est pas moins sollicité. Il doit faire preuve de concentration pour éviter le but fatal.
Pas d’autres choix. Les prolongations s’imposent. Les deux équipes ne se départagent pas. Sénégalais et Égyptiens vont jouent la troisième mi-temps. Les tirs au but. Les Pharaons sont maîtres de l’épreuve de nerfs. La Côte d’Ivoire en sait quelque chose: en 1998, en quarts de finale à Ouagadougou, en 2006, en finale, au Caire. Et en 2022, au stade Japoma, à Douala. Le Cameroun aussi en sait quelque chose: en 1986 au Caire, en finale et en 2022 à Olembé. Mais cette fois, les dieux du Nil ont lâché les Pharaons. Ils ont perdu la bataille. Et le Sénégal est aux anges. La fête dans les tribunes, sur la pelouse, dans les couloirs du stade Olembé, dans la salle de conférence… Et évidement, dans tout le Sénégal.

Les lampions se sont donc éteints à Yaoundé avec le sacre continental des Lions du Sénégal. Belle fête de clôture. Colorée, chatoyante, rythmée, étincelante. Du grand art. Avec des feux d’artifices maîtrisés. En présence du président de la République, Paul Biya. Il était à l’ouverture. Il est venu à la clôture. Il a remis le trophée de la 33e édition de la coupe d’Afrique des nations, au capitaine des Lions, Kalidou Koulibaly.
Sous les yeux du président camerounais, la CAF a remis le drapeau de l’institution au ministre ivoirien des Sports, Paulin Danho. La Côte d’Ivoire abrite la prochaine édition de la CAN. Ce drapeau porte en lui, toute la responsabilité qui incombe aux autorités ivoiriennes. Une délégation de la CAF est attendue à Abidjan, du 7 au 9 février 2022.

Par Fernand Dédeh via Facebook