Pas une brèche dans les rangs de l’armée de fans de l’humoriste Boukary qui avait pris positionné sur les 4000 places de la salle Anoumabo du palais de la culture de Treichville. Malgré la forte pluie qui s’est abattue sur la ville d’Abidjan, dans la soirée du samedi 19 juin 2021, la salle de spectacle était pleine à craquer. Boukary a assuré le show ce jour-là.
Devant sa mère, ses frères, le maire de sa commune natale de Diégonefla et une forte délégation de jeunes originaires de cette localité, mais également un contingent de la communauté burkinabè en Côte d’Ivoire, avec à leur tête les chanteurs Smarty et Emilio le chanceux, tous venus soutenir leur Sampiga, le meilleur humoriste africain 2020 n’a pas failli à sa réputation. Si la première partie du spectacle s’est déroulée sans accroc majeur, la seconde aurait pu être totalement perturbée par les grosses gouttes qui tombaient dans la salle, et même arrêté l’événement s’il s’agissait d’un quelconque artiste, mais c’était mal connaitre le ‘’Boukary Man’’. Dès l’entame du spectacle, il avait déjà scotché les spectateurs à leurs sièges, par une entrée originale et fracassante sur la scène.
Le scénario ? Il est 20h50 mn, lorsque sur les deux écrans géants placés de chaque côté de la scène font apparaitre une vidéo de Boukary. Il est encore au village et s’apprête à venir à Abidjan, mais avant, il passe dire au revoir à son oncle, en l’absence de ce dernier à son domicile, le gardien lui remet 20.000 FCFA de la part de celui-ci, afin qu’il achète de l’eau pour boire en cours de route. Quelques instants plus tard, on aperçoit Boukary en route pour la gare, il est suivi par un pousse-pousse qui transporte des sachets d’eau d’une valeur de 11.000 FCFA. Il reste encore 9000 FCFA de sachets d’eau à acheter. Boukary est à la recherche de l’eau lorsqu’il se rappelle qu’il est l’heure de prendre le car pour Abidjan. Sur la video, le public capté, le voit prendre ses jambes à son cou, direction, la gare. Tout d’un coup, les lumières de la salle Anoumabo s’éteignent. Lorsqu’elles se rallument, Boukary est sur la scène du palais de la culture de Treichville à Abidjan. C’est le délire dans la salle Anoumabo. Personne ne veut manquer une miette de la suite.

Sans protocole, l’humoriste enchaine les sketches, les uns plus hilarants que les autres. Certains sont des reprises adaptées à la circonstance, d’autres sont des inédits. Ils font leur effet, le public ne tient plus, des personnes se tordent de rire, d’autres ont les larmes aux yeux et s’affalent sur les sièges à cause du fou rire qui s’est emparé d’elles. Ensuite, le comédien reçoit ‘’à la résidence piblic privé chez Boukary’’, le nom donné à la scène de cette soirée, son ‘’oncle’’ Omega David. S’ensuivent des sketchess. C’est l’hystérie collective dans la salle. L’éclat de rire général, lorsque débarque «le grand-frère » de Boukary, le Mareshal Zongo. Les deux icônes de la comédie à ‘’l’accent Moré’’ égrènent une longue liste de mots et d’expressions en langue française, dont eux seuls détiennent le secret de création. L’assistance n’arrive plus à se retenir, le fou rire devient général.

Au même moment, la pluie tombe encore plus fortement, mais le public ne bouge pas d’un pouce, à tout le moins, certains essaient de changer de place pour s’abriter là où les eaux n’atteignent pas. Par contre, il n’est pas question de partir à cause de cette pluie. Il est 23 h, lorsque le public commence a quitté la salle, pas à cause de la pluie qui ne cesse de s’abattre, mais parce que Boukary a fini son spectacle.
Il faut saluer le professionnalisme de Boukary. Malgré la forte pluie et les déplacements d’une partie de la foule pour s’abriter des eaux, l’artiste n’a pas été perturbé. Il a tenu le déroulé et le fil conducteur de son spectacle jusqu’à la fin. Il a dompté la pluie. C’est aussi cela la marque des grands des artistes, leur capacité à faire face à l’imprévu.


Adams T