La 6ème édition du festival Abidjan Capitale du Rire a baissé les rideaux le dimanche 14 février dernier. Le comédien ivoirien Boukary a raflé le prix du Meilleur humoriste de ce festival qui réunit la crème des humoristes de l’Afrique francophone. Retour sur la longue marche de cet artiste vers le succès.
« Félicitations à vous ma famille. Enfin le trophée est revenu à nous. Quand Dieu dit, personne ne peut dédire. Il attend toujours le bon moment pour nous, et c\’est en ce moment que Dieu te distingue. Gloire et louange à Dieu ! Il dit, ça vient de commencer : restons à notre poste…», s’est réjoui l’artiste sur les réseaux sociaux après avoir été désigné Meilleur humoriste à la 6è édition du festival Abidjan Capitale du Rire qui a refermé ses portes le dimanche dernier. Boukary avait déjà été sacré Meilleur humoriste à Abidjan Capitale du Rire en 2016.
Du temps et du courage, il lui en fallu. Au début de sa carrière, Boukary a relié à pied, sa commune de résidence de Port-Bouët, situé à Abidjan sud, à Yopougon (Abidjan Nord) pour participer à un casting afin de se faire connaitre au public. Le jeune comédien qui était convaincu de son talent, était à la recherche d’une scène pour montrer son potentiel au public. «A l’époque, j’habitais à Gonzague (un quartier populaire de la commune de Port-Bouët) et l’émission ‘’Dimanche passion’’ de la télévision nationale faisait un carton. J’ai appelé Gbi de Fer qui est mon patron, afin de pouvoir passer à sa scène de théâtre dans l’émission. Il m’a demandé de passer afin d’être auditionné », racontait-il, il y a quelques mois à des journalistes.

Faute de moyens financiers à l’époque, il se rappelle avoir marché de Port-Bouët à Yopougon, où se déroulait l’audition. Malheureusement, il arrive sur le lieu en retard à 17h, alors que l’audition devait avoir lieu à 15h. Plusieurs fois ainsi, il ratait l’audition. Mais un jour, Gbi de fer lui demande de passer à l’essai à l’émission dans les locaux de la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI) à Cocody. Cette fois-ci, il prévient son voisinage de son passage à la télévision. «J’ai fraudé le bus ce jour-là. Je suis arrivé à 5 minutes de l’enregistrement de l’émission. Je n’ai pas été auditionné à nouveau, je ne suis donc pas passé à la télévision », se remémorait-il. Finalement, c’est un boubou qui le sauvera le vendredi suivant. Ce jour-là, il arrive encore en retard, il n’est pas auditionné. Cependant un comédien du nom de Weba Weba X qui a été auditionné et qui devait jouer le rôle du marabout n’entrais pas dans son boubou. « Alors, il m’a été demandé de le remplacer, moi qui entrais dans le boubou. Je devais juste mimer sans rien dire puisque je n’avais pas été auditionné, la production ne savait pas de quoi j’étais capable donc par précaution je devais juste mimer », explique Boukary.
Mais, le comédien né, qui depuis l\’école primaire faisait rire tout son entourage, refuse de laisser passer une telle occasion, surtout après tant d’efforts, pour exposer son talent. « J’ai donné la réplique et le public m’applaudissait à chaque réplique. C’est là que je joue le Burkinabè pour la première fois et ma prestation a été appréciée de tous. Moi qui n’étais pas censé parler, j’ai forcé le destin. C’est ainsi que j’ai été retenu pour l’émission. C’est de là que tout est parti », révèle celui qu’on appelait alors Gilles Romuald Kacou Kouamé.

Au fil des années et au prix d’un travail acharné, il a imposé son personnage de villageois naïf avec un langage bien à lui. Aujourd’hui, artiste comédien, humoriste, chanteur, auteur-compositeur et acteur, il est l\’une des vedettes de l’humour qui montent en Afrique. Ce prix du meilleur humoriste de la 6e édition d\’Abidjan Capitale du rire 2021 qui lui est décerné, par la structure Gondwana Production dirigé par l’humoriste Mamane, vient, en quelque sorte, récompenser des années d’efforts et de persévérance d’un artiste qui a toujours eu foi en son talent.
Adams T