Le Djidji Ayokwe, le Tambour parleur, va bientôt retrouver sa terre « natale », la Côte d’Ivoire. Ce tambour unique de 3,31 mètres et de 430 kilos, propriété du peuple Tchaman et plus précisément de la communauté Bidjan (Ebrié), avait été réquisitionné par la colonisation française en 1916. En France, le compte à rebours de la restitution de l’objet d’art a été lancé hier lundi 7 novembre 2022 avec la cérémonie de désacralisation qui a eu lieu au musée du Quai-Branly à Paris. (Source RFI)
Qualifié de « parleur », ce tambour était plus qu’un instrument de musique, c’était un outil de communication. Il permettait au peuple Tchaman de la région d’Abidjan de prévenir les villages lorsque les colons français venaient réquisitionner les populations. L’objet a été pillé par les Français, en 1916. Paris s’est engagé, l’an passé, à la restituer, mais avant son retour, une restauration est nécessaire. Pour permettre la restauration de cet objet sacré, une cérémonie rituelle était organisée, ce lundi 7 novembre, au Musée du Quai-Branly, en présence de membres de la communauté Bidjan.
En déambulant vers la muséothèque où est actuellement exposé le tambour, les dix représentants de la communauté Bidjan – dont trois chefs de village – ont d’abord entonné, à l’aide d’un cor et d’un tambour, des chants de guerre, comme le faisaient leurs ancêtres avant de partir au combat. Une fois arrivés dans la salle, la cérémonie rituelle a pu débuter.
Les membres de la communauté ont entrepris la désacralisation du tambour, en demandant à l’esprit qui est à l’intérieur de se retirer. Ils ont effectué sept fois le tour du Djidji Ayokwe, pour signifier le nombre de villages bidjan. Une libation a également été faite par le chef du plus ancien village bidjan, Cocody village.
Cette cérémonie était nécessaire pour permettre à des mains profanes de restaurer cet objet sacré. Sa base est en effet infestée par les termites. Et pour cause : le Djidji Ayôkwé est resté dehors, de 1916 à 1930, posé à même le sol dans les jardins de la résidence de l’administrateur colonial à Bingerville.