Pour son premier show inédit à l‘Institut français de Côte d’Ivoire (IFCI) intitulé “Origine Non Contrôlée’’, Izabelle Maya a décidé de raconter la vie d’une immigrée clandestine en France. C’est peut-être elle-même sa propre expérience de l’immigration irrégulière qu’elle a racontée devant de nombreux fans, amis et proches le 25 juin dernier. Dans un cocktail réussi de l’argot ivoirien et du français de France, elle fait voyager le public entre les deux pays avec tout ce que cela entraine comme complication de part d’autre.
Sans vraiment son avis, Izabella est parachutée à Bengue. Pas mal d’autant que la vie devenait de plus en plus compliquée pour les filles de sa génération au bercail. Mais une fois au pays des blancs avec ses faux papiers qui sont d’ailleurs expirés, une autre bataille commence : celle du ‘’Bordeaux’’, oui le passeport français! C’est là que la jeune ‘’sans papier’’ va manger son totem comme on dit à Abidjan. Elle tente de travailler au noir pour arrondir les fins de de mois mais à son premier job, elle casse un verre dans une maison si propre qu’elle n’y trouve rien à essuyer. Quant à la fin du mois elle part encaisser son premier salaire sur le sol français, mal lui en a pris. La patronne lui présente sa lettre de licenciement sans préavis et lui fait savoir que son salaire est égal au prix verre qu’elle a cassé. Sans papier, où va-t-elle se plaindre ? Elle qui fuit les policiers tous les jours. « Bengue est dur comme caillou », chantent Yodé et Siro.
Mais une fois dans un co-voiturage à quatre, Izabella se fait épinglée par les ‘’les po’’. Dans le groupe des quatre amies, elle est la seule sans papier. Avec l’agent de police, elle dit qu’elle a oublié ses papiers à la maison. Quand on lui demande son nom, elle donne un nom emprunté à une vieille coiffeuse installée à Château Rouge. Mais au renseignement de ses données, l’ordinateur présente un visage plus âgé que celui de Maya. « Le problème avec vous les noirs, c’est votre âge », lui lance l’agent de police avant de la laisser filer. Moquée par ses amies, elle décide d’obtenir coûte que coûte le bordeaux.
Direction désormais, la Préfecture de police de Paris. Quand elle s’y rend pour la première fois, elle découvre un monde fou. Lorsqu’elle attend le comptoir, l’agente de service lui dit ceci : « Pour le renouvellement, repassez demain. On ne prend que 10 par jour ». C’est là qu’elle se rappelle d’un proverbe de son grand-père : « Si tu n’as pas vu comment la tortue se lave le village, c’est que tu ne t’es pas suffisamment levé tôt ».
Préoccupée par la recherche de ses papiers et les petits métiers clandestins, Izabella est aussi tiraillée par sa famille restée en Côte d’Ivoire et surtout son pasteur qui lui pressent de leur envoyer de l’argent non seulement pour que ses affaires marchent en France et aussi pour être reconnaissante. Finalement, convoquée à un énième rendez-vous à la Préfecture de police, la jeune clandestine obtient le précieux passeport bordeaux, oui, le passeport français. Mais elle le doit à un service qu’elle a rendu à la fille d’un commissaire de police qui a réglé son problème de papier.
En fait, un jour de grande course comme elle en avait l’habitude, Izaballa monte dans un métro bourré comme pas possible. Elle tombe sur un homme qui serrait malencontreusement une jeune fille qui n’arrivait pas à s’en défaire. Après avoir observé la scène, elle décide de défendre la jeune fille et bondit sur le jeune homme. L’affaire se termine au commissariat et la sans papier a failli laisser les plumes quand on lui a encore demandé ses papiers et qu’elle a encore menti qu’elle les avait oubliés à la maison. Mais grâce à son geste louable, on la laisse partir. La bonne jeune fille qu’elle a sauvée, a fait part de l’incident à son père, un commissaire de police. Ce dernier convoque quelques jours plus tard Izabella et lui délivre le précieux passeport français. Ouf !
Les petites mésaventures d’une immigrée clandestine, collées les unes aux autres, ont constitué la trame du beau spectacle qu’Izabella Maya a donné à l’Institut français de Côte d’Ivoire le vendredi 24 juin dernier. Entre hilarité, rire et chant, les spectateurs ont passé une bonne soirée d’humour bien rendu par Miss Maya. Elle a su rendre son expérience de l’immigration en beau spectacle plaisant et réaliste. Une belle leçon de vie pour ceux ou celles qui aspirent à aller en Europe. « C’était hier! C’était la première fois! C’était Institut français de Côte d’Ivoire. Et vous avez été au rendez-vous! Merci, merci à tous pour votre confiance ! Merci d’être venus si nombreux ! Merci tout simplement pour Tout», a salué Izabella Maya sur sa page Facebook.
Par Omar AK