9 juin 2007 : il y a 15 ans, nous quittait Sembène Ousmane, écrivain et cinéaste de talent qui a su, à travers ses œuvres, tendre un miroir à son peuple en portant ses aspirations politiques, culturelles et socio-économiques.
15 ans après, je repose la question de la transformation de sa maison, “Galle Ceddo”, en musée, qui soit à la fois un lieu de souvenir, de mémoire et de recherche. L’idée avait été lancée dès après son décès, mais des contingences diverses – dont la plus importante reste les tergiversations de sa famille – font que cela ne s’est pas encore réalisé.
Ma question du jour est celle-ci : l’Etat sénégalais peut-il, par une procédure quelconque, prendre la décision allant dans le sens de transformer “Galle ceddo” en musée ? Cela ne voudrait nullement dire que la famille en serait dépossédée.
Il y a trois ans, lors d’un colloque consacré à la vie et à l’œuvre de l’écrivain, le directeur de Cabinet du ministre de la Culture avait dit que le département était « très préoccupé par l’état de délabrement de Galle Ceddo, le domicile de Sembène, et la sauvegarde de tout son patrimoine. »
« L’Etat est disposé à soutenir la famille au cas où elle souhaiterait en faire un musée ou un lieu de mémoire », avait-il relevé, ajoutant : « Il appartient à la famille de se rapprocher de nous pour voir comment faire en sorte que ce lieu soit préservé. Cela dépend de ce que demandera la famille. Mais l’Etat est disposé à préserver l’œuvre laissée par Sembene Ousmane.»
Une concertation avec la famille du cinéaste est bien sûr souhaitable et nécessaire, mais elle ne devrait pas être une source de blocage. Parce que Sembène Ousmane, son œuvre et…sa maison font partie du Patrimoine Culturel, le sujet mérite d’être (re)discuté.
Il y a urgence, parce que hormis les bobines de films que le chercheur Samba Gadjigo a pu sauver, “Galle Ceddo” renferme encore des éléments de décor des films de celui que les Burkinabè appelaient “l’aîné des anciens”, des photos, des costumes de ses personnages, des ouvrages, des textes de scénario…
Aboubacar Demba Cissokho, Journaliste