Après une présentation complète à la presse le vendredi 11 février dernier au siège de Sony Music Côte d’Ivoire à Abidjan, le 5e album du groupe Révolution est disponible depuis le 14 février 2022 dans les bacs CD et par téléchargement légal. C’est du balèze avec 17 titres savamment concoctés par Prométhée, Saï, Isso et Zokora. Quatre ans après ‘’Energy’’ qui était beaucoup lent et langoureux, ce nouvel album du groupe de variété est plus chaud et bien rythmé. Baptisé ‘’Boîte automatique’’, il traduit parfaitement les nouvelles ambitions de Revo Revo qui veut aller à la vitesse supérieure et passer à une autre étape de sa carrière. A la présentation du nouveau disque dans les locaux de leur maison de production et distribution, les quatre fantastiques n’ont pas pris de gant d’afficher leur souhait, leur attente. « Le ton est donné. C’est de passer à un autre cap. Si c’est la Côte d’Ivoire, nous avons l’amour de notre pays. On a eu la chance de parcourir tout le pays du nord au sud et l’est à l’ouest. Dans la sous-région aussi. Aujourd’hui, il ne faut pas se le cacher, il faudrait qu’on puisse s’asseoir sur la même table que les Fally Ipupa, Dadju qui évoluent dans d’autres registres. On ne veut plus seulement se contenter de belles chansons. Nous voulons monter, monter encore et envoyer l’image de la Côte d’Ivoire plus loin. C’est le plus important pour cet album. C’est la mission principale de ce nouveau disque », a martelé Prométhée, le lead-vocal du groupe. « C’est un projet sur lequel on a travaillé d’arrache-pied depuis des mois et des mois. Le groupe est composé de jeunes pleins d’humilité et qui ont le souci de bien faire. Et cela se ressent dans le nouvel album. C’est un album de qualité. Sans doute, le meilleur album que j’ai pu produire jusqu’à aujourd’hui », a tempéré Elvis Adidiema, DG de Sony Music. Avant de donner des indications par rapport aux préoccupations de son poulain. «Est-ce que les artistes nigérians et sud-africains ont besoin des Etats-Unis ou de la France pour exister ? Je ne pense pas. Ils n’ont pas besoin d’eux parce que l’industrie du disque et la musique est structurée. Il y a des infrastructures qui leur permettent de développer et de promouvoir leur musique. La première étape pour nous tous, c’est de trouver un moyen pour faire avancer notre culture, notre musique et mettre des infrastructures adéquates pour que les artistes puissent atteindre un autre niveau. Atteindre la France est certes un objectif mais ce n’est pas une finalité. Il ne faut pas que les artistes mettent cela comme une finalité. Les artistes africains ne doivent pas demander à être écoutés en France sachant que la musique qu’ils pratiquent ou qu’ils proposent n’est pas forcément dans les standards qu’ils attendent là-bas », a relevé le DG de Sony Music Afrique. Le patron de la section africaine de la maison de disques octogénaire a aussi donné des pistes qui vont permettre à son groupe d’atteindre son but. « Il y a un véritable travail à faire pour sensibiliser les populations et introduire le groupe dans les meilleures conditions possibles. La chance qu’a Révolution, c’est que moi, je viens de cette grosse industrie. J’ai eu la chance de travailler avec de gros artistes qui sont dans les tops français comme Dadju… Je connais un peu ces codes-là. Je sais comment on peut faire un trou dans cette industrie-là avec le groupe Révolution. Qui pratique une musique authentique et aimée de tous. Donc, il y a des chances qu’on puisse arriver à ces stades-là. Mais on commence par ici, on confirme ici. On travaille comme il se doit et devant, on peut éventuellement avoir une carrière en France, aux Etats-Unis, en Angleterre…», a-t-il soutenu.
Il faut souligner que tout le monde était étonné de voir cette machine à tubes continuer avec Sony Music après la grande saignée subie par cette maison de disque l’année dernière. De nombreux artistes avaient claqué la porte de Sony Music Côte d’Ivoire pour insuffisance de résultats. « Quand on nous a dit qu’on devrait signer avec Sony, on s’est dit que c’était un rêve. Il faut dire que M. Méa, notre précédent producteur, celui-là qui nous a positionné jusqu’au niveau où on était, avait dit ceci : ‘’voici ce pour quoi on travaille depuis. Vous avez ma bénédiction. C’est maintenant que vous allez devenir des costauds, de grands artistes. Donc, signez sans hésiter », a rappelé Prométhée. C’est clair : toutes les attentes du groupe n’ont pas été atteintes et tout n’a pas été rose dans la collaboration avec la filiale de Sony Music Entertainment. « Il ne faut pas se le cacher : il y a eu des moments où nous aussi, on a eu envie de partir. Pas que tout était mauvais à Sony mais seulement qu’on avait envie de retourner à notre liberté », a révélé le chanteur.
Le changement intervenu à la tête de Sony Music Afrique en novembre dernier a sauvé les meubles. Elvis Adidiema est arrivé à la direction et a une nouvelle approche managériale avec les garçons. Il est beaucoup plus amical, fraternel. « Avec l’arrivée d’Elvis, tout a changé. Il nous a pris comme des frères et nous a dit qu’il nous prend de là pour nous amener à un autre cap », s’est souvenu Prométhée. Qui n’a pas manqué de souligner le rêve qui a habité ses camarades et lui quand ils signaient avec Sony : « C’était le rêve et on a cru à ce rêve. Contrairement à ce que certains ont fait courir comme rumeur, je ne dis pas et je ne vais jamais dire que nous avons vécu des désillusions avec Sony. La boîte s’installait et elle ne comprenait pas forcément le système ivoirien, africain. On a été, pas comme des cobayes, mais des premiers jets, des essais. Ça a été difficile déjà en termes de collaboration de se comprendre. La manière de travailler changeait ».
Les petites inquiétudes et la différence des points de vue avec la maison de production peuvent être dissipées rapidement avec ‘’Boîte automatique’’. Car, le nouvel opus a été réalisé dans de meilleures conditions et il peut effectivement permettre aux deux parties d’atteindre de grands objectifs. Il a de nombreux atouts et avec lui, Révolution a des armes nécessaires pour attaquer le marché international. Le nouveau CD comprend 17 chansons dont trois featurings avec Kerozen DJ, Elow’n et Didi B de Kiff No Beat et Fabregas. «Je pense que 17 titres, ce n’est pas assez pour dire merci aux gens. On devrait sortir depuis en décembre. 17 titres, ce n’est rien par rapport à tout l’amour qu’on nous donne. Si on pouvait faire un double album, on allait le faire », estime Prométhée. Les thèmes chantés sont variés et évoquent l’amour, le pardon, l’entente, Dieu… La mise en route des 17 chansons a été assurée par cinq arrangeurs. Ce sont Bebi Philip, l’arrangeur fétiche du groupe, Cédric Carnavarro, un choix test, Dany de la Rosa qui bosse déjà avec Revo Revo et Angelo Basta, chanteur et technicien basé à Lille en France. Et le 5e architecte de l’œuvre est Prométhée lui-même. « C’est aussi un choix. Je fais de l’arrangement mais je ne porte pas cette casquette-là. En général, je réalise les maquettes de nos albums. Sur ce dernier, mes camarades m’ont demandé de piloter l’arrangement sur deux titres », a clarifié l’interprète du tube ‘’Je bois plus’’.
Par Omar AK