Ce n’est un secret pour personne, le bazin, tout comme le wax d’ailleurs ne sont pas d’origine africaine. Ce sont des tissus importés d’Europe qui ont su conquérir les cœurs des Africains grâce à leur beauté et épouser leurs réalités. Le Bazin surtout, grâce à son effet bling bling, scintillant et clinquant, a séduit les peuples islamiques d’Afrique noire. Cependant qu’elle est son histoire ? Comment est-il arrivé en Afrique et surtout par qui est-il arrivé en Afrique. Nous répondrons à ces questions, avec en bonus des conseils pour l’entretien, pour ceux qui ne savent pas !
Le Bazin de fil en aiguille !
Au rendez-vous de toutes les grandes occasions, le Bazin est par définition un tissu damassé, c’est-à-dire un tissu à la surface duquel on fait apparaitre des dessins. Il est 100% coton et est importé d’Europe, plus précisément d’Allemagne. Le mot Bazin est un dérivé du terme italien ‘’bambagia’’ qui signifie ouate de coton. A la base, le Bazin servait de nappe de table et de rideaux aux européens du 19ème siècle. Puis il aurait été découvert par un homme d’affaire malien qui a tout de suite compris que ce tissu séduirait les Africains. Rapidement, le Bazin devient le chou gras des importateurs maliens, qui d’ailleurs jusqu’à maintenant restent les plus grands commerçants de Bazin. A ce jour, le tissu blanc qui sert de base au Bazin est toujours produit en Allemagne, au Pays Bas et en Chine. Le Bazin existe sous trois formes :

- Le Bazin riche, qui est un produit de luxe peut couter entre 60000 FCFA et 100000 FCFA, voire plus pour les 5 mètres nécessaire à une tenue. Il est produit en Allemagne et contient uniquement du coton fin de qualité supérieure. Il est extrêmement brillant, raide et crissant. Cependant, il est très doux à porter et une fois teint, rayonne des mille éclats de l’Afrique.
- Le Bazin moyen riche ou deuxième vient également d’Europe et est une réponse au Bazin du concurrent chinois. Il varie entre 15000 FCFA et 25000 FCFA les 5 mètres. Il est plus accessible à tous et est à cheval entre la qualité supérieure et le bas de gamme.
- Le Bazin chinois, quant à lui est de qualité médiocre, mais il a l’avantage de couter très peu, entre 1000FCFA et 2000FCFA le mètre, et permet ainsi aux plus démunis de pouvoir porter du Bazin les jours de grandes célébrations.
Notons que les prix mentionnés sont ceux pratiqués en Côte d’Ivoire.
De la teinture à la broderie
Si le Bazin est un produit importé, l’art de la teinture et de l’entretien est bel et bien africain. En effet, l’arrivée du Bazin a donné naissance à plusieurs métier entre autres celui de teinturier, de tapeur et de brodeur. Ce coton amidonné est devenu une spécialité malienne. Du coup, c’est au Mali que toute la sous-région vient s’approvisionner en Bazin. Et les teinturières maliennes sont inégalables quand il s’agit de design et de couleurs impétueuses. Cependant, c’est un travail laborieux et dangereux pour la santé des pratiquantes et pour l’environnement. Car, depuis les années 80, la teinture naturelle a été abandonnée au profit de la teinture chimique. Le produit final est ensuite amidonné, puis tapé sur une surface de bois avant d’atterrir dans les ateliers de couture, où ce sera autour du couturier-brodeur de faire montre de sa créativité.

Pour célébrer ce ‘’roi des garde-robes’’, plusieurs évènements de mode lui sont dédiés. Entre autres, Festi’Bazin au Mali, Sanga Wily et la Nuit du Bazin et de la broderie en Côte d’Ivoire et la Nuit du Bazin au Sénégal pour ne citer que ceux-là. De même, des artistes maliens comme Oumou Sangaré et Amadou et Mariam vantent le prestige de ce tissu dans des titres phares comme ‘’Seya’’ et ‘’Les dimanches à Bamako’’. Il se raconte aussi qu’une production cinématographique africaine sera bien bientôt dédiée au Bazin.
Entretenir ce tissu de prestige !

Le froufrou du Bazin, l’odeur qu’il laisse dans son sillage, ses couleurs chatoyantes, tout cela relève d’un art. L’art de l’entretien du Bazin ! Eh oui, le Bazin ne s’entretient pas comme n’importe quel tissu. D’abord il ne se lave pas tous les jours, après l’avoir porté, il faut le mettre au soleil pour faire sécher la sueur. Ensuite, l’encensé avec de l’encens parfumé ou n’importe quelle essence parfumée de votre choix. Ainsi, votre Bazin sera débarrasser de toute odeur corporelle et vous pourrez le porter deux ou trois fois en le gardant accroché sur un porte manteau. Et lorsqu’il faudra le laver, n’oubliez pas de l’amidonner copieusement et ensuite après l’avoir sécher, le faire taper par des spécialistes dans les marchés pour le faire briller, car le Bazin ne se repasse pas. Au final, ce qui fait le luxe du Bazin, c’est sa brillance, son crissement, ses couleurs explosives, sa senteur et bien sur la rareté de la broderie. Alors que vous le portiez riche, moins riche ou chinois, assurez-vous de faire de l’effet. Bonne fête de Ramadan à tous !


Nady Sidibé