C’est presqu’un deuil national au Sénégal. Depuis le dimanche 14 mars, le pays pleure l’un de ses artistes préférés : Thione Seck. Le chanteur a été emporté par le coronavirus à 66 ans !
Thione Ballago Seck repose depuis dimanche 14 mars 2021 au cimetière musulman du quartier Yoff de Dakar. C’est dans la même capitale sénégalaise que le chanteur est décédé dans la matinée au centre hospitalier de Fann comme l’a précisé à l\’AFP Me Ousmane Seye, son avocat. Le rossignol de la musique sénégalaise, comme on le qualifiait, est décédé du coronavirus à 66 ans.
Au pays de la Teranga, Thione Seck faisait partie des grands noms de la musique comme Youssou N\’Dour, Omar Pène, Ismaël Lô ou encore son propre fils, Wally Seck. Issu d\’une famille de griots, Thione Ballago Seck a fortement contribué à moderniser le mbalax, l’un des rythmes populaire du Sénégal. Il était non seulement un leader mais un modèle pour les Sénégalais. Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages se multiplient dans toutes les couches sociales de la société sénégalaise. « J’ai appris avec beaucoup de peine la disparition de Thione Balago Seck. Talentueux, libre et constant dans la création, il fut une figure marquante de sa génération. Je présente mes condoléances émues, au nom de la Nation, à sa famille ainsi qu’au monde de la culture », a tweeté Macky Sall, le chef de l’Etat. Sur son compte Twitter, l\’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, a salué le départ d\’un « véritable monument de la musique sénégalaise ».

Ancien journaliste, El Hadji Hamidou Kassé, actuel conseiller du président sénégalais pour les affaires culturelles, a aussi donné un témoignage poignant sur l’action du célèbre artiste disparu. « Thione Seck fait partie des artistes héros d\’une époque. Libre, énergique, mélodique et diamétral, il a persisté dans la création, passant du traditionnel au moderne, bravant les écueils et l\’incompréhension d\’une société qui a peu cru à l\’art comme mode vie et moyen de vivre », a-t-il posté dans son fil Twitter. Dans les rangs des collègues de la star disparue, les voix se sont également fait entendre. Comme Youssou N’Dour qui s’est rendu à la morgue de l’hôpital Fann dès qu’il a appris la triste nouvelle. « Nous nous remettons à la volonté Divine. C’est Dieu qui nous avait donné Thione Seck. Il l’a repris aujourd’hui. Nous sommes tous consternés. Nous avons perdu un grand homme, un parolier, notre grand frère. Notre réveil a été brutal. Jamais je n’avais pensé que Thione Seck allait nous quitter si tôt. Mais, il a accompli sa mission sur terre. J’ai demandé à ses enfants en l’occurrence Wally et ses frères et sœurs d’être courageux parce qu’ils vivent des moments difficiles présentement. Dieu va les assister, qu’ils ne craignent rien ».
Griot, Thione Seck a baigné dans les arts. Il a chanté très tôt dans les années 1970 à l\’Orchestre Baobab, une formation adepte d\’une salsa afro-cubaine à la sauce sénégalaise. Dans les années 1980, il crée son propre orchestre dénommé \”Raam Daam\”. Le un groupe se lance dans la promotion du mbalax pur qu’il modernise.

Dans les cinq dernières années, la réputation de Thione Seck a été entachée par une affaire de faux billets. L’épilogue d’un feuilleton juridique qui aura duré plus de cinq ans, s’était soldé, en première instance, par une annulation de la procédure. Poursuivi pour « tentative d’escroquerie », « blanchiment de capitaux », « association de malfaiteurs » et « tentative de mise en circulation, de détention et de réception de signes monétaires falsifiés », le chanteur avait été condamné en appel à trois ans de prison, dont huit mois ferme, dans l’affaire qui l’oppose à la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Mais selon son avocat Me Ousmane Seye, « Début mars, la Cour suprême du Sénégal avait annulé toute la procédure à son encontre ».
Par Omar AK