Reconnue de longue date sur la scène internationale et toujours très populaire auprès de ses compatriotes, la chanteuse malienne Nahawa Doumbia défend une conception très sociétale de sa fonction. ‘’Kanawa’’, son nouvel album, prend position contre le fléau de l’immigration irrégulière.
« Je ne veux ni faire rire, ni faire danser, mais éduquer à travers mes chansons », cette promesse faite au début de sa carrière, la grande cantatrice Malienne ne s’en éloigne guère.
Quatre décennies plus tard (39 ans précisément), la chanteuse n\’a pas dévié de ses intentions premières, comme l\’indique le titre de son nouvel album Kanawa, qui signifie Ne pars pas. Le message s\’adresse aux candidats à l\’émigration clandestine, prêts à traverser désert et mer au péril de leur vie pour rejoindre l\’Europe, puisqu\’ils n\’entrevoient pas d\’avenir sur place.

« Partir n\’est pas la seule solution », estime l\’artiste sexagénaire, dont l\’engagement dans ce domaine est ancien : en 2009, elle avait déjà cherché à sensibiliser les pouvoirs publics occidentaux aux côtés d\’Aminata Dramane Traoré, emblématique femme politique malienne, en prenant part à la Caravane de la dignité contre les barbelés de l\’injustice et de l\’indifférence.
Le discours que tient la Reine du Didadi, titre qui fait référence au style musical de sa région, est tout aussi clair à l\’égard de ceux qui ont fait le choix de rester sur place, qu\’elle exhorte à ne pas se laisser tenter par l\’oisiveté. Comme sa cadette Oumou Sangaré, avec laquelle elle partage le fait d\’être originaire du Wassoulou (partie sud du Mali) et de s\’être imposée dans la musique sans appartenir à une famille de griots, Nahawa Doumbia doit sa réussite non seulement à son talent mais aussi à son tempérament, sa persévérance, son dynamisme. Rien d\’étonnant, dès lors, qu\’elle met en garde « ceux qui n\’aiment pas travailler, qui sont paresseux »à travers la chanson Djougoh en leur signifiant que « personne ne [leur] fera confiance ».

Mais derrière cette position aux accents moralisateur, il y a aussi à destination des jeunes un appel à défendre sa liberté d\’agir sans céder à une forme de pression sociale, et que l\’on devine relever du vécu personnel de la chanteuse. C\’est le sens de Ndiagneko. « Tu ne dois pas arrêter de faire ce qui te plait à cause des critiques des autres », écrit dans le livret de l\’album celle qui, au cours de sa carrière, n\’a pas hésité par moment à donner une autre couleur à la musique d\’inspiration traditionnelle, travaillant notamment avec le guitariste jazz français Claude Barthelemy.
Source : RFI