Même si l\’Afrique peut s’estimer heureuse du bilan de morts relativement bas de la pandémie du coronavirus comparé à la Chine, point de départ du virus en décembre 2019, à l’Italie, la France, à l’Espagne, aux États-Unis et au Brésil…, il faut admettre, cependant, qu’elle lui a arraché plusieurs de ses valeureux fils.
Manu Dibango, saxophoniste et vétéran des musiciens africains en France a été le second sur la triste liste des décès des stars africaines le mardi 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans. Emmanuel N\’Djoké Dibango, alias Manu Dibango, aura été l’un des plus grands noms de la musique africaine.

Chantre de la Soul Makossa, c’est aussi le titre de la plus célèbre des chansons du saxophoniste et compositeur camerounais sortie en single en 1972. Le titre est enregistré, à l\’origine, pour être la face B de l\’hymne de la Coupe d\’Afrique des Nations, qui se joue cette année-là au Cameroun. Il crée alors ce style musical camerounais, mêlé des influences jazz et soul. Après avoir résidé en Afrique notamment à Abidjan où il était le chef de l’orchestre de la radiodiffusion télévision ivoirienne (ORTI) dans les années 60, Manu Dibango a élu domicile à Champigny-sur-Marne, en banlieue parisienne pendant une grande partie de sa vie. Avant son inattendue disparition, le musicien camerounais au crâne toujours bien rasé, aurait, selon certains médias, une fortune qui avoisinerait les 82 millions d\’euros, soit environ 53 milliards de FCFA. Cela ne saurait surprendre quand on sait que l’artiste avait été classé l\’artiste ayant rapporté le plus d’argent en 2017.
Mais avant le célèbre saxophoniste camerounais, c’est Aurlus Mabélé qui a ouvert le triste bal des artistes emportés par le nouveau coronavirus le jeudi 19 mars à Paris. Grande figure du soukouss congolais des années 90, Aurlus Mabélé a apporté sa modeste pierre à la construction de la musique moderne africaine. L’artiste vivait aussi à Paris et avait ses ennuis de santé.
L’autre grosse victime de la pandémie de la covid-19 reste sans doute Pape Diouf. Le Pape du foot comme certains se plaisaient à l’appeler, ancien président de l’Olympique de Marseille, ancien manager de plusieurs talentueux footballeurs africains en Europe, Pape Diouf aura donné ses lettres de noblesse au foot africain en Europe. Contraint de rester au Sénégal en raison de la fermeture des frontières, Pape n’a pas survécu au virus contracté depuis la France. Malgré les tentatives d’une évacuation sanitaire en France, Pape Diouf est mort sur la terre de ses ancêtres à Dakar le mardi 31 mars 2020 à l’âge de 68 ans.

Augustin Sidy Dilallo, président en exercice de la Fédération ivoirienne de football, un autre amoureux du ballon rond africain a tiré aussi sa révérence des suites d’une contamination au coronavirus. C’était le 21 novembre à la Pisam à Abidjan. Avant lui, l’Afrique avait pleuré le président de la République de Burundi Pierre Nkurunziza le 8 juin 2020. Il a présidé aux destinées du Burundi pendant 15 ans de 2005 à 2020. Arrivé au pouvoir après une rébellion qu’il a menée, Pierre Nkurunziza aura eu un passage controversé à la tête de son pays. Le dernier (on l’espère) sur la macabre liste est Pierre Buyoya. L’ancien président burundais est mort le 17 décembre 2020 à Paris des suites de la covid-19 contractée au Mali où il était depuis octobre 2012, le haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel.