La fraicheur habituelle du visage plaisant et le sourire de Marie Laure N’Goran illuminent le plateau du journal télévisé de 20h sur RTI1 depuis plus de 7 ans. Elle s’est faite proche de M. et Mme tout le monde et tout le monde attend son JT avec impatience. Timide et presque casanière hors antenne, elle s’active lorsque les spotlights du studio se braquent sur elle. Projecteur sur une présentatrice du JT qui séduit !
Marie Laure N’Goran est l’une des présentatrices vedettes du journal télévisé (JT) de 20 heures de la première chaine de la radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI1). Après un stage non concluant à la Maison Bleue en 2004, Laure revient à la charge. Et après un test brillamment réussi, elle rejoint officiellement le personnel de la RTI en 2011. Directement, elle est « bombardée » au JT.D’abord le 23h puis le 20H. La grande édition, le Prime Time des journaux télévisés. Son look simple, son visage parfait, son professionnalisme et sa voix fluide ont amené les téléspectateurs à l’adopter parmi les personnages clefs du paysage audio-visuel ivoirien. Ce qui corrobore les prix Ebony de meilleures présentatrices de JT qu’elle décroche en 2016, 2017 et 2018.
Entre 2004 et 2011, elle a bossé à l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).Titulaire d’un Diplôme Supérieur de la Communication (Descom) « décroché » à l’Institut des Sciences et Techniques de la Communication (ISTC) à Abidjan, Marie Laure N’Goran est d’abord passée par la Fac de Droit de l’Université de Bouaké. La télévision est la concrétisation d’un rêve qu’elle nourrissait depuis son enfance. « J’ai envie de dire que c’est depuis le sein de ma mère hein que je m’intéressais à la communication. Depuis l’école primaire, j’imitais les journalistes. Orientée en Fac de Droit après le bac, j’étais un peu découragée car je souhaitais poursuivre les études en communication. Ça n’a pas été mais aujourd’hui, je ne regrette pas. Car tout ce que Dieu fait est bon », dit-elle, fataliste. Rêve qu’elle a finalement concrétisé. Pourtant sa vie n’a pas été un fleuve tranquille. La petite Marie Laure Kassi Agbonou perd son père quand elle est en classe de CM2. Quant à sa mère, Lou Suzanne Nazou, artiste chanteuse, elle est toujours partie. Elle grandit donc aux côtés de sa grand-mère. « Ce n’est pas facile car les artistes sont toujours partis. Mais l’amour arrive à tout faire quand même. Ma mère m’aime. Je ne doute pas de son affection pour moi même si elle n’était pas tout temps à mes côtés. Mais les quelques petits moments qu’on avait ensemble, elle me le rendait très bien. A côté, il y a les tantes, les cousines, les oncles, les cousins… qui forment la grande famille. Donc, je me sentais bien », révèle-t-elle. Aujourd’hui, c’est une journaliste épanouie qui arpente les rues d’Abidjan avec fierté. Dans le privé, Marie Laure est mariée et mère de trois adorables garçons. Pour les colossaux services rendus à son pays, la nation l’a élevée successivement aux rangs de Chevalier de l’ordre du mérite Culturel en 2012, Chevalier de l’Ordre National en 2017 et Officier de l’Ordre du Mérite de la Paix et de la Solidarité en 2020. C’est une journaliste professionnelle sympathique, femme au foyer et mère de famille qui a accepté de s’ouvrir à www.7culture.com sans interdit.
Bonjour Marie Laure, comment vas-tu ?
Je vais bien.
Quel ton état d’esprit actuel ?
Zen ! Je prends la vie du bon côté.
La télé est-elle une passion ou un métier qui s’est offert à toi ?
C’est plutôt une passion. J’ai toujours rêvé d’exercer ce métier, surtout la présentation avec des gens que j’admirais beaucoup comme Awa Ehoura, Levy Niamkey, Emmanuel Grattié-Lavry. A l’international, j’admirais beaucoup Claire Chazal sur TF1.
Quand tu arrives à la télé en 2011, tu es amenée directement au JT ?
En 2004, quand j’étais stagiaire, je faisais les reportages. Quand je suis revenue à l’issue du test en 2011, on m’a amenée directement à la présentation, à l’Edition de 23h.
Comment était-il, ce premier journal télévisé ?
(Rires). C’était très difficile. Vraiment, je respecte les présentateurs ! J’étais entourée de trois ou quatre caméras, plus le cameraman principal qui, lui était dans le studio avec moi. Dès qu’on a lancé le générique, j’ai eu envie de quitter le plateau. Je me suis dite rapidement dans la tête, eh bèh, c’est un direct ! Ce sont les premiers instants et il faut qu’on arrive à relever le défi. Et avec le temps, on s’habitue et ça passe.
Y a-t-il une différence entre le 20h et le 23h ?
Il y a toujours le tract. Et quelle que soit l’Edition, il faut prendre tout au sérieux. Même s’il y a un seul téléspectateur qui regarde l’Edition, il faut le prendre au sérieux. Cela dit, l’état d’esprit dans lequel on est diffère à chaque édition. Du 13h au 20h, c’est quand même le Prime Time et c’est bien différent. On a l’impression que c’est plus de responsabilités. Mais il faut prendre le même sérieux qu’on a pour le 13h, le 23h que pour le 20h.
Quel est ton astuce pour dompter l’écran ?
C’est d’abord le travail et se cultiver. La différence avec les autres métiers, c’est que la moindre erreur est directement exposée sur la place publique. On est immédiatement jugé et sanctionné par notre premier patron, le téléspectateur. C’est le public qui nous juge et on n’a pas droit à l’erreur. Je me dis qu’il faut toujours apprendre. Je ne suis pas encore arrivée, il y a toujours des choses à apprendre.
Comment apprend-on quand on est à ton niveau ?
Je consulte l’actualité tous les jours. Je suis toutes les éditions, les bulletins d’information des différentes chaînes et radios. Je me bats pour connaître les nouvelles du jour tous les jours. Je lis beaucoup et je débats beaucoup avec mes confrères et consœurs. Aujourd’hui, pour moi, l’actualité est ma nourriture quotidienne. Et dans mon esprit, je me dis que je n’ai pas encore fini d’apprendre.
Quand on est au JT du 20h, une heure de grande audience, sur la Première Chaine d’un pays comme la Côte d’Ivoire. La tentation de prendre « la grosse tête » est grande…
C’est vrai, ça existe. Mais moi, personnellement je continue de me voir comme la Marie Laure ordinaire. Je suis comme vous, comme monsieur et madame tout le monde.
…A même d’emprunter le bus ou le wôrô-wôrô comme l’ivoirien lambda ?
Peut-être que ça va choquer les gens ! Sinon moi, je peux le faire. C’est un moyen de transport que tout le monde emprunte. Je peux même emprunter le gbaka.
Quelles sont les difficultés qu’il y a à présenter le JT ?
Quand le sujet est sensible, il faut peser les mots. Il ne faut pas choquer. Et mesurer l’impact que l’information aura sur les téléspectateurs. Personnellement, j’ai peur des sujets politiques surtout pendant des périodes sensibles où il faut savoir dire les choses sans enflammer l’atmosphère. Mais quand le cœur est dans tout ce qu’on fait, on le fait aussi bien.
Y a-t-il des sujets que tu aimes aborder à l’antenne ?
Ah oui, j’adore les sujets d’ordre culturel et touristique! Quand il s’agit de parler Culture, de vendre mon pays, de parler de paix et de tout ce qui est d’ordre social, je m’éclate.
Dans tes commentaires tu abuses des superlatifs pour louer la beauté de la Côte d’Ivoire. C’est quoi la Côte d’Ivoire pour toi ?
Quand je dois parler Culture et Tourisme de mon pays, je m’éclate. J’aime mon pays. La Côte d’Ivoire est tellement riche et belle. C’est une terre hospitalière. Je voudrais que mon pays soit cité en exemple comme on le fait pour le Rwanda. C’est vrai que mon pays n’a pas connu de génocide mais il a connu des crises, des situations difficiles… Et je voudrais que mon pays s’en sorte. Que les filles et fils de notre nation soient unis réellement pour qu’on puisse travailler à son rayonnement à la face du monde. Quand je voyage et que je vois comment les gens apprécient notre pays, c’est une grande fierté.
Aujourd’hui avec l’aura que tu as, l’image que tu véhicules, jusqu’où veux-tu aller ?
Aujourd’hui, j’ai envie de donner tout ce que j’ai appris à mes cadets surtout aux jeunes filles. Je suis orpheline de père et en tant que jeune fille, ce n’était pas facile, je l’avoue. Il y avait des tentations mais j’avais un objectif à atteindre. C’est cette expérience-là que je veux partager. Je suis en train d’écrire un ouvrage qui va essayer de retracer ce parcours. L’Afrique peut compter sur sa jeunesse mais une jeunesse qui doit prendre conscience, qui doit savoir qu’elle a des atouts à mettre au profit de son quotidien.
Une jeune fille doit-elle se battre ou attendre tout d’un homme ?
Non ! Il ne faut pas compter sur un homme absolument. Ce n’est pas intéressant qu’on décide de se marier et puis ça suffit. On n’est plus à ce stade de « tu es belle, marie-toi et tais-toi ». On se doit se lever pour travailler pour le développement de son pays. Ce n’est pas une question de sexe. C’est une question de talent et se compléter pour faire avancer la société.
Marie Laure Ngoran, ta beauté, ton sourire, ta prestance…ça attire forcément des admirateurs et même des courtisans…
En la matière, ma grand-mère m’a inculqué des valeurs, elle m’a appris à être polie et surtout m’a donné de bons tuyaux pour dire non. Quand je sens que c’est autre chose que la simple admiration, j’arrête. Il faut savoir être ferme. Il y a des limites à ne pas franchir. Quand je sens que la ligne rouge va être franchie, je coupe net. Je sais dire non et oui quand il faut. Quand je dis oui à une personne, ça me suffit. Je ne change plus d’avis et je ne cherche rien d’autre.
Avant, c’était des courriers écrits et postés. Aujourd’hui, c’est plus ouvert avec l’avènement des réseaux sociaux… Comment t’en prends-tu avec les messages gênants ?
Il y a vraiment des choses qui gênent ! Et c’est ce que je dis : il y a toujours une ligne rouge à ne pas franchir. On est certes admirée pour ce que nous faisons. Et quand on reste dans cette limite, il n’y a pas de problème.
Comment ton époux le prend quand tu rentres tard du boulot surtout quand tu fais le 23h ?
Tout est question de confiance et le comportement que je lui montre au quotidien. La confiance est établie. Il sait et je sais et on se fait confiance.
As-tu un bout de temps pour toi ? Quel est ton passe-temps favori ?
J’ai quand même un bout de temps pour moi et tout est question d’organisation. Je ne suis pas tout le temps à l’antenne. J’aime voyager car ça me passionne beaucoup de faire de nouvelles découvertes. J’aime le tourisme et la culture. Ma 2ème passion après la télé, c’est les voyages et donc, je trouve quand même le temps pour mes enfants avec qui je passe la plupart de mes vacances.
En semaine, que fais-tu quand tu n’es pas à l’antenne ?
Quand je ne suis pas au journal, je suis à l’église ou avec mes enfants.
Quand date ta relation avec Dieu ?
Depuis l’école primaire ! Comme je l’ai dit plus haut. J’étais souvent seule car étant orpheline, je me retrouvais seule quand mes cousins et cousines n’étaient pas. Dieu merci, j’ai découvert ce Dieu tout puissant et c’est lui toujours mon compagnon, mon papa, mon fidèle allié jusqu’aujourd’hui. Dieu est tout pour moi. Je me refugiais en lui, je me confiais en lui. Je suis chrétienne évangélique !
Les messes sont obligatoires ou tu loues Dieu chez toi ?
Dieu ne nous contraint pas pour les messes hein. C’est libre. Mais personnellement, j’ai une relation intime avec Dieu. Et chez nous tous les dimanches, on va à l’église. Tous les dimanches, je suis à l’église.
Membre du Conseil Exécutif l’UNJCI, chargée de l’organisation du Grand prix Ebony. Comment arrives-tu à gérer tout cela ?
Tout est une question d’organisation. Ebony, c’est à une période précise de l’année. Généralement en décembre. Quand ça arrive, j’établis un planning que je respecte. Je tiens compte de mon programme à l’église, du journal télévisé et de ma famille. Tout est pris en compte.
As-tu des couleurs préférés ?
Oui, j’adore le bleu car c’est la couleur du ciel et le vert parce que c’est des couleurs de mon pays.
Quel est jour préféré ?
J’adore le dimanche.
Quel genre de musique écoutes-tu ?
J’adore les musiques traditionnelles notamment celles du pays Gouro. Je suis une petite villageoise hein. J’ai grandi avec ma grand-mère ! Et pendant les vacances scolaires, je partais toujours au village.
Un mot pour terminer ?
Il faut rêver grand et rien est impossible quand on croit en ce qu’on veut faire. Tout ne se résume pas à l’argent. L’initiative qu’on prend, le courage qu’on manifeste peuvent trouver solution grâce à Dieu qui peut susciter de bonnes volontés pour nous aider. Personnellement, Dieu m’a montré qu’il existait.
Omar AK