Yodé et Siro sont finalement sortis libres de leur garde à vue et de leur comparution devant le procureur général d’Abidjan ce jeudi 3 décembre 2020. Ils ont été condamnés à 12 mois d’emprisonnement avec sursis assorti de 5 millions d’amende chacun.

Le verdict vient de tomber au palais de la justice d’Abidjan-Plateau. Le procureur de la République a requis 12 mois d\’emprisonnement avec sursis contre Yodé et Siro. En outre, chacun doit s’acquitter de 5 millions de francs CFA d\’amende. En plus du sursis, les chanteurs zouglou sont mis à l’épreuve durant cinq ans au cours desquels, ils ne doivent plus se rendre fautifs des mêmes délits.
Ce réquisitoire est la conséquence d’une garde à vue le 2 décembre 2020 à la brigade de recherche de la gendarmerie nationale, des artistes Yodé et Siro. Ils ont comparu devant le procureur général de la République le jeudi 3 décembre en début d’après-midi. Cette comparution elle-même fait suite à des propos tenus au cours d’un spectacle le week-end dernier à Yopougon, la plus grande commune populaire d’Abidjan. «… Allez dire au procureur Adou Richard qu’un mort, c’est un mort. On ne passe pas son temps à chercher les petits baoulés dans les villages pendant que les gens sont ici avec les machettes et ils sont bien identifiés », avait martelé Siro du groupe YeS. Propos que le procureur général de la République avait jugés comme incitant à un appel à la révolte.

Avant l’énoncé du verdict, des voix s’étaient levées un peu partout dans le milieu du showbiz. Certaines s’insurgeaient contre la convocation et la garde à vous des artistes. D’autres comme Tken Jah Fakoly ont exigé la relaxe pure et simple. « Libérez Yodé et Siro! En tant qu\’artistes engagés, ils n\’ont fait que dire ouvertement ce que pensent certains ivoiriens!», avait posté très tôt ce 3 octobre sur sa page Facebook, le ‘’Descendant des Fakoly. D’autres encore comme la Fédération des artistes zouglou (Fenaz) avaient demandé pardon aux autorités judiciaires ivoiriennes avant l’ouverture du procès. « Nous artistes ivoiriens, qui apportons la joie à nos populations au quotidien, venons humblement en ce jour, avec la bénédiction du Chef de l’Etat et de tout le gouvernement ivoirien, demander pardon à M. le procureur général de la République, M. Adou Richard pour l’atteinte à son intégrité morale faite par nos amis lors de leur dernière représentation », avaient demandé les membres de la Fenaz.

Sur la toile, les intellectuels comme Tiburce Koffi et Alain Tailly ont abordé le sujet sur un angle beaucoup plus universitaire et scientifique en prônant la liberté d’expression, le respect du droit et de l’autorité tout en tenant compte du statut singulier des mis en cause. Ils sont artistes avant tout.
Par Omar AK