Oui nous sommes en 2020 et j’en suis à ma première mèche humaine. Je sais : vous allez vous poser beaucoup de questions. Notamment dans un monde où pratiquement toutes les filles, les demoiselles, les femmes et les dames en portent. Ce, à chaque coin de rue, à toutes les rencontres et dans tous les lieux. Où étais-je ? Que faisais-je ? Et pourquoi à mon âge (je ne vous le dirai pas), après avoir flirté des années avec la mode, avec les stars de la mode, je n’en ai jamais mis ? Surement, ce n’était pas faute de moyen, non !
A tort ou à raison, je fais partie, ou plutôt je faisais partie de celles pour qui, les mèches humaines étaient à proscrire. En tant que journaliste, j’avais même fait un petit dossier là-dessus. D’abord, je trouvais rocambolesque qu’une femme puisse porter les cheveux d’une autre femme. En effet, ces cheveux étaient souvent des cheveux de femmes mortes, des cheveux dédiés à des rituels, des cheveux volés à des victimes ou tout simplement des cheveux vendus volontairement par les propriétaires. Dans tous les cas, je n’étais pas à l’aise avec cette vision du point de vue spirituel. Puis, nous sommes dans un monde ou de plus en plus les femmes africaines essaient d’affirmer fièrement leurs attributs africains : cheveux afro, peau naturelle, tenue vestimentaire afro… Alors, ça me semblait paradoxal de lutter pour tout cela et de porter des cheveux d’autrui. Oui, je me défrise les cheveux, oui je porte des mèches naturelles, mais les humaines, non, non, ça ne passait pas.
Pour mes amies, j’étais comme un cheveu sur la soupe. Puis, une de mes meilleures amies se met en tête de commercialiser des perruques humaines, en provenance des Etats-Unis. Pour me provoquer, elle me fait cadeau d’une perruque, en essayant de me convaincre de juste l’essayer, que je lui portais chance dans la plupart de ses activités. Alors, j’accepte et la perruque vient squatter ma maison pendant plus d’un an. Chaque fois que j’avais une grande cérémonie, mon amie me rappelait d’aller au salon me faire placer la perruque. Chose que je réfutais à chaque fois.
Puis, vint mon anniversaire. Je ne sais trop pourquoi mais je me décidais enfin à essayer la perruque. Je me rends donc dans un salon spécialisé pour qu’on me la pose. Et coup de tonnerre, je me regarde dans le miroir et je demande à la coiffeuse, mais c’est qui cette pomme (lol). Je me sens belle, croquante, sexy et aguichante, en plus sure de moi. J’appelle illico mon amie et je lui explique toutes les sensations et émotions qui me traversent. Elle se moque de moi, mais se réjouit qu’enfin je rejoigne la république et avec elle toutes mes amies. Quand j’arrive chez moi, mes enfants me disent waouh maman, tu es trop belle. Et mon cher mari ? Mon cher mari était sans voix (lol), surement je ressemblais enfin au bimbo qui l’aguichait dehors. Mon teint avait une nouvelle coloration, mes vêtements également, tout rayonnait… Je me sentais sur un petit nuage. A la base, on devait aller dîner dans un resto de la place en famille pour célébrer ma naissance. Mais non, monsieur mon mari a estimé que je devais manger dans un resto 5 étoiles. Ah, le pouvoir de la mèche humaine ! J’avoue qu’intérieurement, j’ai présenté des excuses à toutes les femmes que j’avais critiquées parce qu’elles portaient les cheveux d’autrui. Comme le dit un sage, avant de critiquer quelqu’un, il faut se mettre à sa place, il faut vivre ce qu’il a vécu… Ainsi, débute mon aventure humaine !
Nady Sidibé